[ÉDITO, ET DIT TÔT] Qatar 2022, cache-sexe d’un Sénégal délétère: « Ndeup » national nécessaire ? (par Cheikh Tidiane COLY)

Tract – Qatar 2022 nous le cache bien peut-être, mais le Sénégal vit un climat politico-social délétère.

 

Les troubles politiques, économiques et sociales qui aujourd’hui, – nous le disions il y a quelques années en ces mêmes termes – se sont fait jour quotidiennement et de manière multiforme, sont l’émanation des tares qui résultent des faits et gestes des administrations passées, de nos propres comportements égoïstes et dont nous subissons les contrecoups, pour ne pas dire les coups de massue.

On en a marre de ces politiciens, de cette société si vile, pardon, civile… Marre de leurs discours qui, depuis toujours ne changent pas nos conditions de vie, notre situation.

On en a marre de ce peuple qui a toujours joué leur jeu et qui, après désillusion, finit par pleurnicher sur son propre sort de laissé pour compte. Marre des lamentations sempiternelles de ce peuple, de ses attaques béantes devant un verre de thé, de ses élucubrations baveuses autour d’un «boolou dof».

On en a marre de voir, d’assister, aux différents appels et marches lancés par la société civile et l’opposition contre le régime en place ; lequel se défend, c’est de bonne guerre, comme il peut ou veut.

On en a marre de nous-mêmes. Parce que le pouvoir, c’est nous. L’opposition, c’est encore nous. La société civile, c’est toujours nous. Le peuple, c’est plus que jamais nous. Alors, que l’on soit gourou du gouvernement, guide général du parti, pilote incontestable de la société civile, imam attitré de Guéej-Jawaay ou naïm claironné de Marsa-Soum-Soum, c’est encore et toujours nous. C’est bien nous, ce peuple, cette masse, cette personne, cette image que nous renvoie le miroir.  « Miroir, mon beau miroir, dis-moi… »

Dis-moi que c’est nous qui sommes allés aux élections présidentielles gagnées ou contestées. Dis-moi que c’est bien nous, électeurs, qui avons donné voix à la teinture législative réfléchissant un « députoscope au coude-à-coude » bien défini, depuis la rentrée des « clashs bleu-gendarme» effectuée le 12, à l’hémicycle sis Place Soweto ; et nous sommes, aujourd’hui, mécontents d’avoir mis notre carte d’électeur en faveur de tel candidat au détriment de tel autre. Où est la logique dans tout cela ?

Entre élection présidentielle, consultations municipales ou législatives, c’est remue-ménage ou remue-méninge dans le triptyque pouvoir-opposition-société civile… Pendant combien de temps va-t-on continuer ce jeu de chaises musicales ? Jusqu’à quand accepterons-nous de jouer à ce jeu de Dupont le dupeur dupé dupera ?

Le Sénégal est à la croisée des chemins : ça sent constamment les ressources minières, et actuellement ça « pétrole », ça « gaz » ! Alors, notre sol et sous-sol ragent fort de richesses qui nécessitent des forages de compétences unifiées nous propulsant vers des rivages de bien-être pour tous. Mais, c’est aussi en cette périodes que les appétits individuels, groupusculaires ou encore lobbyistes sont les plus exaspérants, déclinant dans une boulimie écœurant qui fait sauter les fondements des sociétés « humanitaires ». Imposant, ainsi, la ruée solitaire et égoïste vers l’or, les fortunes ; oubliant leurs propres turpitudes qui fomentent le déclin des nations. Bref !

Chacun de nous, Sénégalais, chers compatriotes, doit chercher dans son coin, inspecter franchement son for intérieur, fouiller au fond de lui-même pour analyser ces moult petites choses qui fondent sa propre personne. Nous trouverons que d’innombrables et tout aussi minuscules bêtes fermentent pernicieusement en nous. Mais, comprendrons-nous que c’est celles-là qui deviennent, après moisissure, des ennemis aussi incroyables qu’inattendus, destructeurs de nous-mêmes et au-delà de notre être ? Nous essaierons de les chasser, à l’occasion, les tuer. En vain.

Nous organiserons des marches, demanderons à intervenir à la radio et/ou à la télé, pour s’écrier contre une situation intenable que les sinistres démons nous ont causée. En vain.

Nous nous orienterons vers une grève de la faim, pour amadouer le méchant démoniaque qui nous a mis à genoux dans les impossibles espaces d’une fourrière ; nous fermerons boutique, pour ne pas dire pharmacie, même si ce n’est que pour une journée, pour contester et contrecarrer le poison que l’on administre, Ndeyssaan, aux Sénégalais. En vain.

Nous n’y  pouvons rien. N’est-ce pas ? C’est comme si, malgré nos efforts pour voguer de l’avant, nous ramions à contre-courant. Nonobstant l’étalage de notre petit savoir dans un discours, nous semblons prêcher dans le désert. Nous avons l’impression d’avoir les mains étonnamment liées, la voix tristement aphone.

Tout simplement parce que nous n’avons pas eu le courage de faire ce constat : la source de notre mal est en nous, les maux dont souffre notre beau pays ont leurs racines dans notre cœur, notre pensée.

C’est pourquoi, nous osons dire : bien plus que de consultations locales, d’élections présidentielles ou encore d’Assises nationales de ceci ou de cela, nous avons honnêtement et impérieusement besoin, d’abord, d’une introspection sincère et sérieuse sur nos agissements propres.

En d’autres termes : un « Tchangat » individuel pour tout un chacun ; et ensuite, on pourra dialoguer sur le « Ndeup » national. Pour réguler cette tourmente qui fait tanguer Sunugaal.

Cheikh Tidiane COLY