Enfants transformés en tueurs : Washington dénonce l’utilisation d’adolescents pour un massacre au Burkina

SENtract – La plupart des jihadistes ayant commis un massacre début juin au Burkina Faso étaient des adolescents, a affirmé lundi l’ambassadrice américaine à l’ONU, en appelant à l’instar d’autres membres du Conseil de sécurité, dont la présidente de l’Estonie, à agir davantage contre l’utilisation des enfants dans les conflits. 

 

« Les enfants vous raconteront des histoires qu’aucun enfant ne devrait pouvoir raconter », celles « d’être enrôlé sous la menace d’une arme, violé, forcé d’assassiner des frères et soeurs, leurs parents« , a déclaré Linda Thomas-Greenfield, lors d’une visioconférence de chefs d’Etat consacrée aux enfants dans les conflits. « Ces enfants ne sont souvent pas plus grands que les armes qu’ils portent. On leur apprend à commettre des crimes de guerre avant même de savoir compter. Pour ne citer qu’un exemple, au début du mois, dans le village de Solhan dans la région du Sahel, un groupe armé non étatique a tué plus de 130 civils, dont beaucoup d’enfants. Ce groupe armé? Principalement des 12-14 ans. Des enfants tuant des enfants« , a dénoncé la diplomate américaine.

A Solhan, dans le nord-est du Burkina Faso, 132 personnes selon les autorités et 160 selon des sources locales ont été tuées dans l’attaque attribuée à des jihadistes et survenue dans la nuit du 4 au 5 juin. Le porte-parole du gouvernement Ousséni Tamboura avait déjà évoqué la semaine dernière la participation d’adolescents à cette attaque la plus meurtrière au Burkina depuis le début des violences jihadistes en 2015.

Sans dire que les enfants avaient constitué la majeure partie des assaillants comme évoqué par Linda Thomas-Greenfield, le porte-parole avait précisé que cette information venait de suspects arrêtés quelques jours avant l’attaque.

Nomination à l’ONU 

Présidente en exercice du Conseil de sécurité et à l’origine de l’organisation de sa session lundi, Kersti Kaljulaid, cheffe d’Etat de l’Estonie, s’est aussi insurgée contre l’utilisation des enfants dans les guerres. Elle a évoqué une petite fille centrafricaine, Graciela, devenue orpheline et enlevée par un groupe armé en 2014. « Elle n’a eu d’autre choix que d’en faire partie, pour faire la cuisine et apprendre à se battre », a déploré Kersti Kaljulaid, en indiquant que son histoire s’était finalement bien terminée et qu’elle avait pu « commencer une nouvelle vie ».

En 2020, « la situation des enfants dans les conflits armés a été marquée par un nombre élevé et soutenu de violations graves », a-t-elle poursuivi. Et la pandémie de Covid-19 n’a rien arrangé pour cette « cible facile ».

Dans un communiqué lundi, les Nations Unies ont annoncé que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait nommé la présidente Kaljulaid, pour une mission s’étalant sur les deux ans à venir, comme « Défenseuse mondiale pour chaque femme, chaque enfant« .

A ce titre, elle devrait mobiliser les efforts des pays membres de l’ONU en faveur des femmes et des enfants dans le cadre des Objectifs de développement durable fixés pour 2030.

Selon le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, plus de 26.000 violations graves contre des enfants ont été répertoriées, soit une forte hausse par rapport à 2019. 

SENtract avec AFP