- L'ex-président Pervez condamné à mort pour "haute trahison" -

Enfin, le Pakistan « Musharraf » se sent morveux et se mouche

FILE - In this April 20, 2013, file photo, Pakistan's former President and military ruler Pervez Musharraf arrives at an anti-terrorism court in Islamabad, Pakistan. A Pakistani court sentenced the country's former military ruler to death in a treason case relating to the imposition of a state of emergency by him in 2007 when he was in power. Musharraf who is apparently sick and receiving treatment in Dubai where he lives was not present in the courtroom when judges announced ruling on Tuesday, Dec. 17, 2019. (AP Photo/Anjum Naveed, File)

Accusé de haute trahison, l’ancien président pakistanais Pervez Musharraf a été condamné, mardi, à la peine de mort par contumace à Islamabad. Ce verdict a trait « à la décision qu’il a prise le 3 novembre 2007 » d’imposer l’état d’urgence dans le pays, a déclaré son avocat.

L’ex-président pakistanais Pervez Musharraf, en exil à Dubaï, a été condamné à mort par contumace, mardi 17 décembre, pour « haute trahison », a annoncé Radio Pakistan, un média d’État.

La condamnation a trait « à la décision qu’a prise Pervez Musharraf le 3 novembre 2007 », date à laquelle l’ex-chef d’État avait imposé l’état d’urgence dans le pays, a déclaré à l’Afp son avocat Akhtar Shah. Et d’affirmer que l’ex-président n’avait « rien fait de mal ».

« Ce verdict mettra un terme aux violations de la Constitution dans le futur », a de son côté réagi Ahsan Iqbal, un cadre de la Ligue musulmane pakistanaise (PML), la principale formation d’opposition, dont Pervez Musharraf avait chassé le leader Nawaz Sharif du pouvoir lors de son putsch en 1999.

Rappel des faits

Au moment des faits, Pervez Musharraf avait invoqué la défense de l’unité nationale face au terrorisme islamiste et l’opposition de la Cour suprême, qui devait se prononcer sur la légalité de sa réélection un mois plus tôt, pour suspendre la Constitution.

« Le terrorisme et l’extrémisme sont à leur apogée », avait justifié le général, qui s’en était également pris au « militantisme judiciaire ». Cette mesure très impopulaire, levée en décembre 2007, avait fini par causer sa chute moins d’un an plus tard.

Talat Masood, un général en retraite et analyste sécuritaire, a qualifié d' »extraordinaire » le fait que la justice ait condamné un ancien chef d’État et militaire, quand ceux-ci sont considérés comme tout-puissants au Pakistan. Dans ce pays gouverné par l’armée près de la moitié de ses soixante-douze ans d’existence, cette décision aura « un grand impact sur l’évolution démocratique du Pakistan », a-t-il estimé, interrogé par l’Afp.

Aujourd’hui âgé de 76 ans, le général Musharraf était parvenu au pouvoir par un coup d’État sans effusion de sang en octobre 1999, puis s’était autoproclamé président en juin 2001, avant de remporter en avril 2002 un référendum controversé. Il était resté à la tête du Pakistan jusqu’en 2008.

Sous le règne de ce stratège connu pour son franc-parler, admirateur de Napoléon Bonaparte et amateur de cigares, le Pakistan avait vu sa croissance économique décoller, sa classe moyenne se développer, les médias se libéraliser et l’armée jouer la carte de l’apaisement face à l’Inde rivale.

Un pouvoir dictatorial

Mais ses opposants n’ont eu de cesse de dénoncer sa mainmise « dictatoriale » sur le pouvoir, le renvoi « illégal » de juges de la Cour suprême qui s’opposaient à lui, l’imposition de l’état d’urgence et l’assaut sanglant contre des islamistes lourdement armés, réfugiés dans la mosquée Rouge d’Islamabad à l’été 2007.

En août 2008, au sommet de son impopularité et face à la pression croissante de l’opposition et de la justice, ce nationaliste avait démissionné pour ensuite amorcer un luxueux exil volontaire entre Londres et Dubaï.

Rentré en mars 2013 au Pakistan afin de participer aux élections, ses ambitions politiques avaient été brisées par de multiples poursuites judiciaires. Il avait à nouveau quitté le pays en mars 2016 pour des soins médicaux à Dubaï, en promettant de revenir ensuite affronter ses juges. Il ne s’est pas exécuté jusqu’ici.

En août 2017, la justice pakistanaise l’a déclaré « fugitif » dans le procès du meurtre de Benazir Bhutto, qui était alors sa rivale en politique. Elle a également ordonné que soient confisqués les biens de l’ancien dirigeant militaire, qui avait été inculpé en 2013 dans cette affaire, dont il est désormais office de seul suspect.

Benazir Bhutto, deux fois élue Premier ministre du Pakistan, et première femme de l’ère contemporaine à avoir dirigé un pays musulman, avait été assassinée dans un attentat-suicide à Rawalpindi le 27 décembre 2007.

Tract (France 24 et Afp)