AccueilA la UneFaada Freddy, auteur-compositeur «Le piège, c’est de croire que l’argent nous définit»

Faada Freddy, auteur-compositeur «Le piège, c’est de croire que l’argent nous définit»

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C’est un artiste qui fait vibrer le monde de par son style très varié : rap, gospel, a cappella. Avec sa voix de rossignol, Abdou Fatha Seck, alias Faada Freddy, membre du groupe Daara-J Family, était l’invité de l’émission «Belles Lignes» sur iTv, animée par le journaliste Pape Alioune Sarr a été repris dans Besbi dont Tract vous livre quelques lignes.

«Mois Chevalier de l’ordre des arts et des lettres de France…»

Je pense que c’est un des titres attribués aux artistes qui ont marqué le monde de la culture, qui ont marqué aussi l’histoire, et surtout l’histoire de l’humanité. Personnellement, je ne m’y attendais pas du tout parce que je me dis, puisque je suis d’origine sénégalaise avec un passeport sénégalais, si je vais dans un pays comme la France ou d’autres pays, en train de faire ma tournée tranquillement, que forcément la République française n’allait pas trop s’intéresser à ma personne. Et là, je me retrouve honoré par la République française en tant que Chevalier de l’ordre des arts et des lettres. Je pense que les raisons doivent sûrement être mon travail qui affecte quelques millions de Français ou d’Européens ou de gens à travers le monde. Et c’est peut-être aussi mon message d’humanité qui les a un peu happés. Cette victoire, je la dois au Sénégal qui m’a tout donné. J’ai tout reçu du Sénégal, un héritage culturel qui est aussi une humanité.

«Je ne comprends pas les artistes qui disent ‘’je n’ai pas d’inspiration’’»

L’inspiration vient de partout. Souvent, je ne comprends pas les artistes qui disent je n’ai pas d’inspiration. Mais rien que le fait de sentir qu’on a une page blanche, c’est déjà quelque chose, l’art est partout. Le monde est une œuvre d’art, une œuvre divine. Les regards, les couleurs, les bateaux, tous les jeunes qui partent en mer, l’espoir, le désespoir du Sénégalais, quand tu te lèves le matin, tu n’as pas de tasse de café, tu n’as pas d’argent à donner à ta mère… c’est aussi des inspirations. Donc, les bureaucrates se lèvent pour aller au bureau. Chez moi, c’est pareil. Je suis un artiste, du matin au soir, je travaille. J’interromps mon travail pour les heures de prières. Aujourd’hui, on a plutôt tendance à croire que l’art est une activité secondaire alors que des sociétés, des pays entiers se sont construits sur l’art, l’Europe, les Usa, l’art est au premier plan. Et ça participe au Pib, ça participe à développer un pays, à créer des infrastructures, des emplois, etc. Quand je pars en France, il y a plus d’une centaine de personnes, voire plus, qui travaillent sur mon projet. Quand je suis ici, pareil. Au Sénégal, mon staff s’élève à environ 30 à 40 personnes qui ont des emplois autour de moi. L’art est un secteur très important qui doit être considéré, surtout réorganisé, où les artistes luttent encore pour avoir un statut.

«J’ai pu démontrer qu’on peut faire de la musique sans instrument»

Tous les instruments créés par l’homme émanent de ce corps-là. Quand celui qui crée les instruments lui-même devient une manifestation de l’instrument. Car, quand nous créons un instrument, nous l’imaginons d’abord. Cela veut dire que cet instrument est déjà incorporé, déjà intégré en nous. Au début, c’était une mission impossible pour les autres. On m’a traité de tous les noms, de fou. On m’avait dit ça n’allait pas marcher de taper sur corps. Certains rigolaient : «Ndaw deund bouy dadiéku» (Tu vas t’écraser la poitrine avant même la fin du concert). Puisqu’il n’y a pas d’instrument, beaucoup croyaient que ce n’était pas possible. Mais de fil en aiguille, j’ai pu démontrer qu’on peut faire de la musique sans instrument, bio où il n’y a pas d’arbre à couper pour construire un instrument. Ce, en faisant d e grosses caisses sur ma poitrine, des claps. J’utilise la basse vocale, j’utilise le big-boss, des trompettes vocales, des musiques dysphoniques. Voilà aujourd’hui, on scrute le monde avec des centaines de dates de concerts. Il faut savoir écouter son corps, le but de l’artiste, c’est de connecter son corps avec son cœur, avec son esprit. Car chanter aussi, c’est prendre des risques.

«Je suis un élève de Habib Faye»

 J’ai toujours eu envie de travailler sur la puissance vocale quand tu te mets sur scène. Quand Youssou Ndour, Baba Maal, Ismaël Lo chantent et te passent le micro, il faut arriver à faire de la musique qui soit à la hauteur de cette puissance vocale. Du coup, il y a une hygiène de vie, il y a des choses que je ne dois pas manger quand je dois faire un concert. Tout ce qui a beaucoup de tomate, trop de produits laitier, je ne prends pas. Par contre, le mil c’est bon pour la voix tout comme le gingembre, le citron et surtout boire beaucoup d’eau et dormir. Mon seul problème, c’est le dernier jour. Je ne dors pas beaucoup, je travaille à la basse, je suis un élève de Habib Faye. D’ailleurs, c’est mon maitre en musique. Paix à son âme.

«Je n’aime pas être ignorant d’une science»

Je n’aime pas avoir de limites. Je suis un frustré chaque fois que j’entends quelqu’un dire que j’ai des limites. C’est la raison pour laquelle je suis tout le temps en train de tâter la voix, de jouer un instrument. Parce que je n’aime pas être ignorant d’une science. Je suis un éternel optimiste parce qu’il y a toujours de l’espoir. Je ne sais pour combien de temps encore je suis là. Mais pendant qu’on est encore là, on a toujours la chance de faire quelque chose.

«Le manque d’éthique de la scène politique…»

Je pense que c’est à double tranchant. Le voyage, c’est nécessaire, c’est quelque chose qui enrichit. Le seul problème, c’est qu’on se retrouve dans un contexte géopolitique qui a des enjeux énormes pour l’Afrique, énormes pour nos familles, des jeunes qui perdent espoir. Par désespoir, ils sacrifient leur vie, ils préfèrent mourir que de vivre dans le désespoir et la honte. Mais le seul problème, c’est la manière, affronter les vagues de manière inconsciente. Mais le problème dans ce contexte, c’est quand tu meurs, qui va s’occuper de ta famille ? L’Afrique a besoin aujourd’hui de ses enfants. Si tous les hommes partent en mer, qui va épouser nos sœurs. Je ne suis pas d’accord avec les mauvais raccourcis, l’argent ne se travaille pas, il faut juste quelques coups, genre «xalis ken douko ligueye, daniouy koy lidienti». Je pense que c’est le manque d’éthique de la scène politique qui conduit beaucoup de jeunes à croire cela. Aujourd’hui, il faut qu’on retourne aux vrais valeurs sénégalaises, le «jom», la question de dignité humaine. Car, quand on est assujetti à l’argent, on peut en avoir, même si ceux qui sont aveugles chanteront vos louanges pour l’argent. Ils ne chantent pas vos louanges pour vous, mais ils ne chantent que les louanges de l’argent. Il ne faut pas que l’humain se rabaisse pour l’argent parce que c’est lui qui a créé l’argent. L’argent ne fait pas de l’humain ce qu’il est réellement. Au contraire, plus on en possède, plus il faut faire attention. Parce que le piège vient de croire que l’argent nous définit.

Tract

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