FELA , le rebelle de l’afrobeat et père de la Naïja music aurait eu 85 ans : Expo à Paris

Sen’Tract, Tract du Sénégal – « La musique est l’arme du futur » : ces mots de Fela Anikulapo-Kuti n’en finissent pas de résonner aujourd’hui. Le musicien, né en 1938 au Nigeria, est devenu une figure d’envergure mondiale dès la fin des années 1970 et a enchaîné les tournées internationales jusqu’à son décès en 1997. L’héritage du « Black President » est omniprésent à travers le monde, tant sur le plan musical que politique.

La fabrique de l’afrobeat

Le style musical que Fela a créé et qu’il a baptisé « Afrobeat » mêle de multiples influences, des rythmes yoruba au free jazz en passant par la soul ou le funk. En constante mutation, l’Afrobeat des Koola Lobitos, la première formation de Fela, doit également beaucoup au highlife ouest-africain et donne la part belle aux cuivres et aux percussions. Avec ses groupes Afrika 70 puis Egypt 80, Fela s’entoure d’un nombre croissant de musiciens et donne naissance à des constructions symphoniques de plus en plus complexes. L’exposition qui se tient actuellement, en ce mois d’octobre 2022 et jusqu’au mois de juin 2023, à la Philarmonique de Paris, raconte ce cheminement et la trajectoire musicale de l’artiste, donnant à entendre et à comprendre les sources et l’évolution de l’Afrobeat.

La République de Kalakuta

Tout au long de sa carrière, Fela a fait de son mode de vie un manifeste. Personnage sulfureux au mode de vie controversé, ses prises de position fracassantes contre la corruption des élites et le néocolonialisme continuent néanmoins d’inspirer les luttes au Nigeria et ailleurs.
Nourri par le panafricanisme de Malcolm X, Kwame Nkrumah ou Cheikh Anta Diop, mais aussi par les combats anticoloniaux de sa mère, la militante féministe Funmilayo Ransome-Kuti, il fait de ses concerts des tribunes et de sa maison, la Kalakuta Republic, un bastion dissident. Grâce à des archives et des œuvres inédites en provenance du Nigeria et des témoignages de première main, l’exposition rend compte de cet engagement de tous les instants qui lui vaudra de nombreux démêlés avec la justice et de multiples et violentes incarcérations.

Du Shrine aux grandes scènes internationales

Sur les scènes européennes ou à l’Afrika Shrine, son club à Lagos, tous les témoins de l’époque s’accordent à dire qu’un concert de Fela est une expérience inoubliable. Au rythme de morceaux hypnotiques entrecoupés de harangues politiques et de performances rituelles, les spectateurs sont emportés par l’énergie de Fela, de ses musiciens et de ses danseuses. Grâce à de grandes projections, mais aussi en donnant à voir l’identité visuelle foisonnante inventée par l’artiste – de ses costumes à ses pochettes d’albums – l’exposition redonne vie aux plus grands moments des concerts de Fela, faisant de la visite une véritable immersion dans l’univers de l’artiste.

Commissaires
Alexandre Girard-Muscagorry
Mabinuori Kayode Idowu
Mathilde Thibault-Starzyk

 

Sentract.sn