Tract – Vos « nianes » ont été acceptés : le Ceebu Jën est déclaré admissible aux Gourmand Awards 2023 de maibpeochain à Stokholm. On connaît les Sénégalais très performants à table, quand c’est le plat national made in le pays de Ndiadiane Ndiaye qui est servi dans le grand bol. Valant parfois même des castagnes entre mari et femme quand la recette n’est pas bien appliqué au labo cuisine. Bref, c’est ce tas succulent de riz, de poissons, d’ingrédients qui a reçu un ticket pour une finale culinaire avec deux autres pays, en mai prochain, en Suède.

Figurez-vous, Mme Fatima Fall Niang et M. Alpha Amadou Sy, les auteurs de cette bible culinaire « sahélo-sunugalérien », intitulé « Le Ceebu Jën, un patrimoine bien sénégalais », viennent de se voir notifier qu’ils ont gagné une place en finale dans le cadre de la compet’ internationale Gourmand Awards 2023. Et que désormais ils devront se préparer à aller déposer leurs baluchons à Stockholm, en mai prochain, pour défendre ce patrimoine désormais matériel de l’humanité, selon le désir de l’Unesco, quand bien même il faut reconnaître qu’il est agressé, depuis des décennies, par une armada de bouillons (« saf-safal »).

Le génie de (« sunu maam ») Penda Mbaye, aux allures de « créativité » et de « résilience » pour avoir fait sortir du « néant » le Ceebu Jën (dont on lui destine la paternité), en usant de composantes extérieures, à l’exception du poisson, du sel, de l’eau et de la façon de préparer, sera un argument de taille pour Fatima Fall Niang et lors de leur speech à Stockholm. Résistant ainsi à cette aliénation économique consistant à imposer aux colonisés de se nourrir d’une céréale qu’ils ne produisent pas. Bref, « le coup de génie d’un peuple », comme ils le qualifient, qu’ils devront défendre devant un jury. Pour eux, c’est déjà un honneur pour notre pays que de gagner une place aux Gourmands Awards, mais aussi pour les lettres saint-Louisiennes.

D’après nos deux finalistes, outre le refus de laisser aux étrangers « le soin de faire à notre place l’inventaire du patrimoine culturel immatériel (PCI) auquel la Direction en charge de cette question au sein du ministère de la culture les avais associés – heureusement – en tant experts-référents et personnes ressources, il s’agissait pour eux « de recourir à l’ écriture pour sauvegarder, transmettre, revaloriser et promouvoir notre patrimoine culturel sénégalais et africain ». D’où la publication de cet ouvrage cité ci-haut.

L’écriture a longtemps été – et le demeure toujours – un rempart contre l’oubli à mesure que s’étire le temps. Une conscience d’une mémoire qui amena nos deux compatriotes à allier leurs deux plumes pour fixer comme un rocher l’histoire du Ceebu Jën. Ce plat (inter)national que l’on retrouve jusque dans les cuisines internes de nos chers voisins de la sous-région, chez qui – tout comme chez nous – le must pour mieux le digérer est de passer aux « trois normaux » (le Ataya), ou « deux », après la dévaluation de nos pauvres FCFA en 1994. Un bouquin pondu pour faire l’archéologie de ce mets collé culturellement à (sunu maam) Penda Mbaye, n’en est que bienvenu au cœur de la parenté à plaisanterie, dans les gargotes les plus crasseuses, à la table de bureau des ministères de Sunugaal… A vos cuillères et « nianes » !

Correspondance particulière de Bassirou NIANG

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