[INTERVIEW] Clarisse Fombana, ingénieure des Eaux et Forêts: «Le problème climatique touche tout le monde»

Tract – En prélude à la Journée internationale de l’environnement, le 5 juin 2023, nous nous sommes entretenus avec Clarisse FOMBANA, ingénieure des eaux et forêts, chef de projet au Service d’Appui aux Initiative Locale de Développement.

 

Vous êtes cheffe de projet au sein de l’ONG SAILD. Comment préparez-vous la journée mondiale de l’environnement ?

Nous célébrons tous les ans la journée mondiale de l’environnement. Qu’il s’agisse de la participation à des conférences débats, de l’organisation des ateliers de réflexion autour du thème de l’édition, ou encore des publications de sensibilisation sur nos différentes plateformes et réseaux. Cette édition de la journée mondiale de l’environnement porte sur le thème « solution à la pollution plastique ».  Nous comptons nous joindre aux différentes initiatives qui sont engagées par certains acteurs pour marquer notre soutien à la campagne combattre la pollution plastique.

Qu’est-ce que la journée mondiale de l’environnement ?

La journée mondiale de l’environnement est initiée depuis 1972 par l’assemblée générale des nations unies. Elle se célèbre pour la première fois en 1973 sous le slogan « une seule planète terre ». La Journée mondiale de l’environnement est donc une plateforme mondiale qui vise à insuffler les changements positifs, à modifier nos habitudes de consommation, ainsi que les politiques nationales et internationales. Elle facilite la sensibilisation et la prise d’initiative pour répondre aux défis urgents de la planète, qu’il s’agisse de la désertification, de la lutte contre les changements climatiques, de la criminalité faunique liée aux espèces sauvages ou du combat contre la pollution plastique.

La Journée mondiale de l’environnement 2023 est un rappel que les actions des citoyens en matière de pollution plastique sont importantes. Quelle est l’ampleur de la pollution plastique au niveau du Cameroun par exemple ?

La pollution plastique est un réel défi dans la préservation de l’environnement dans le monde en général et au Cameroun en particulier. Le Cameroun contrôle ou maitrise encore très difficilement la pollution plastique. Plusieurs organisations ont mis en place des initiatives pour la collecte des produits plastiques après consommation, mais les résultats sont loin d’être perceptible. L’on voit encore des tonnes de bouteilles plastiques un peu partout dans les eaux ou encore dans les rigoles. Conséquence les caniveaux sont bouchés dans les villes et les inondations font ravage après les pluies. Je pense qu’il y a encore un réel problème de tri des ordures notamment les déchets plastiques et également de traitement ou de recyclage de ces déchets plastiques.

Quels moyens d’action proposez-vous pour une transition climatique sensible au genre au Cameroun en particulier, et en Afrique en général ?

Le problème climatique touche tout le monde, les hommes, les femmes, les communautés etc. mais les hommes et les femmes sont à des effets différents selon leur niveau de vulnérabilité, de préparation et de résilience aux risques climatiques. Les femmes sont plus impactées aux effets des changements climatiques, car dans de nombreuses communautés elles dépendent des ressources naturelles pour leurs activités de reproduction et de production et donc vulnérable face à une incertitude climatique accrue. Pour une transition climatique sensible au genre, je pense qu’il est important que tous les projets en faveur du climat intègrent la dimension spécifique genre. Les organisations doivent être capables d’élaborer des budgétisations sensibles au genre. Les politiques nationales et internationales doivent soutenir l’intégration du genre.

L’Afrique, qui est très concernée par le changement climatique n’apparaît-elle pas absente du débat ?

La présence de l’Afrique dans des débats sur les questions du changement climatique est remarquable. Elle est d’autant plus remarquable quand c’est en Afrique que s’organise la journée mondiale de l’environnement 2023, à travers la côte d’ivoire, pays hôte pour cet important évènement mondial. L’Afrique a plus qu’intérêt à participer aux débats sur les changements climatiques, car il est démontré que c’est la région la plus vulnérable au changement climatique. Cette vulnérabilité serait due à sa faible capacité d’adaptation, sa forte dépendance des biens des écosystèmes pour les moyens de subsistances et ses systèmes de production agricoles encore très moins développés.

Que pensez-vous avoir apporté au travers de vos missions et travaux sur l’environnement depuis que vous êtes sur le terrain ?

Nos actions ont contribué à améliorer les moyens de subsistance des communautés et leurs résiliences face aux effets des changements climatiques. Nous avons mis en place des pratiques d’agriculture durable important pour la sécurité alimentaire des communautés vulnérables aux effets des changements climatiques dans la partie nord du Cameroun. Il est aussi question d’influencer les politiques pour une meilleure intégration des questions d’agriculture durable (agroécologie) dans les politiques nationales. Nous avons aussi soutenu la gestion participative des forêts à travers la foresterie communautaire, en accompagnant les forêts communautaires à s’arrimer à la légalité et à la traçabilité de leurs bois pour une meilleure gestion des forêts. Et nous continuons de travailler pour une meilleure implication des communautés dans la conservation et la gestion des aires protégées pour la préservation de la biodiversité.

Propos recueillis par Baltazar Atangana

Correspondant, Cameroun