[INTERVIEW] Jean-Patrick KETCHA: ‘Au Boukarou, nous travaillons au niveau des communautés territoriales’

Tract – Échange avec Jean-Patrick KETCHA, fondateur de Le Boukarou, incubateur camerounais qui soutient et accompagne les entrepreneurs africains dans la conception et la mise en œuvre des projets innovants.

 

Au Cameroun, entre janvier et mars 2024(8 semaines), votre organisation Le Boukarou a dispensé une formation, dont le séminaire de clôture s’est tenu les 16 et 17 mars 2024, sur la transition écologique online à plus de 50 bénéficiaires issus des 10 régions du pays. Quelle est la portée d’une pareille formation ? Quel est son contenu ? (Durée, les modules etc.) ?

Cette formation a été organisée conjointement avec l’association Je M’engage pour l’Afrique (JMA) dans le cadre du projet FSPI transition écologique financé par l’ambassade de France. Les formations avaient pour but de sensibiliser les apprenants à la transition écologique, de renforcer les connaissances sur les enjeux environnementaux, de promouvoir des bonnes pratiques écologiques et de créer une communauté engagée pour l’environnement.

Au Boukarou nous travaillons énormément au niveau des communautés territoriales et il est de notre devoir de renforcer les organisations qui œuvrent sur le terrain afin de toucher un plus grand nombre de personnes.

La formation s’est tenue sur 9 semaines de janvier mars 2024. Les modules couvraient les thématiques de la santé, l’agroécologie, la biodiversité humaine, gestion des déchets, eau et assainissement, transition énergétique, protection de la nature et les outils de la transition écologique.

Cette formation a permis de créer une plateforme d’apprentissage en ligne interactive et collaborative, offrant des ressources pédagogiques variées, des sessions de discussion et des projets pratiques visant à encourager l’engagement des participants dans la transition écologique et à favoriser un changement positif dans leurs communautés.

Il est clair que la démarche de Le Boukarou et de ses partenaires vise à renforcer les capacités des leaders des organisations de la société civile dans les pays africains. Pourquoi est-il nécessaire d’intégrer la transition écologique au cœur des projets/activités des organisations de la société civile en Afrique ?

Intégrer la transition écologique au cœur des projets/activités des organisations de la société civile en Afrique est essentiel pour plusieurs raisons:

  • Son impact sur l’environnement :
    • La prise en compte de la transition écologique permet de limiter les impacts négatifs des activités humaines sur l’environnement en favorisant des pratiques durables. Il en va de tous les secteurs d’activités notamment l’agriculture qui reste la principale activité dans les territoires.
  • Adaptation aux changements climatiques :
    • La transition écologique aide les communautés à s’adapter aux effets des changements climatiques en promouvant des solutions résilientes et respectueuses de l’environnement.
  • Amélioration de la qualité de vie :
    • Les projets axés sur la transition écologique favorisent des environnements plus sains, des ressources naturelles mieux gérées et une meilleure qualité de vie pour les populations locales.
  • Responsabilité sociale :
    • Intégrer la transition écologique démontre l’engagement des organisations de la société civile envers la responsabilité sociale et environnementale, renforçant ainsi leur légitimité et leur impact positif.

En somme, en plaçant la transition écologique au cœur de leurs actions, ces organisations contribuent à un développement équilibré, durable et respectueux de l’environnement, tout en répondant aux défis actuels liés à la protection de la planète et au bien-être de nos communautés.

 

Selon vous, les changements climatiques constituent-t-ils un obstacle à la croissance et au développement des pays africains ?

Les changements climatiques représentent effectivement des obstacles majeurs à la croissance et au développement des pays africains pour plusieurs raisons :

  • Notamment l’impact qu’ils ont sur l’agriculture :

Les variations climatiques affectent la productivité agricole, menaçant la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de nos populations rurales. L’exemple palpable au Cameroun reste la zone septentrionale qui en est la plus affectée. Avec les changements climatiques les sols sont devenus plus arides et la rareté des pluies a largement affectée les récoltes.

  • Les Ressources en eau :

La raréfaction de l’eau due aux changements climatiques entraîne des pénuries, des conflits pour l’accès à l’eau et compromets les activités économiques dépendantes de cette ressource. Une évaluation de la sécurité de l’eau dans le monde en 2023, récemment publiée par l’institut pour l’eau, l’environnement et la santé de l’Université des Nations Unies, révèle que sur près de de 7,8 milliards de personnes réparties dans 186 pays, 5,2 milliards (72%) souffrent d’insécurité de l’eau. Ce chiffre inclut 1,3 milliards d’Africains soit la totalité de la population de l’Afrique. Les pays les plus touchés sont le Comores, Djibouti, Erythrée, la Libye et j’en passe.

  • Santé publique :

Les phénomènes climatiques extrêmes augmentent les risques de maladies liées à l’eau, aux vecteurs (comme les moustiques) et aux conditions environnementales précaires, affectant la santé des populations.

  • Infrastructures fragilisées :

Les événements climatiques extrêmes, tels que les inondations et les sécheresses, endommagent les infrastructures essentielles, ralentissant le développement économique et social de notre continent.

  • Économie vulnérable :

Les secteurs clés de l’économie africaine, tels que l’agriculture, le tourisme et la pêche, sont particulièrement vulnérables aux effets des changements climatiques, compromettant la croissance économique.

Il est donc crucial pour les pays africains de prendre des mesures d’adaptation et d’atténuation face aux changements climatiques, d’investir dans des infrastructures résilientes, de promouvoir des pratiques durables et de renforcer la coopération internationale pour lutter contre ce défi mondial qui entrave le développement et la prospérité des nations africaines.

Le Boukarou : des projets en cours ? Et dans les cinq prochaines années ?

Nous avons récemment soumis 10 entrepreneurs, sélectionnés dans le cadre du projet Startup 237 : 100 projets made in Camer financé par le fonds Equipe France et piloté par l’Ambassade de France au Cameroun. C’est 100 entrepreneurs à travers le Cameroun qui recevront chacun 10 000 euros pour booster leurs projets et ainsi que l’économie du pays. Dans ce cadre, le Boukarou s’occupera de l’accompagnement technique de ses entrepreneurs et assurera la bonne gestion des fonds qui leurs sont alloués.

Également nous nous apprêtons à annoncer les bénéficiaires de notre programme Wasico (Waste in Common) financé par le fond IP Investisseurs et Partenaires. Wasico est une initiative du Boukarou pensé à la suite d’une déclaration du premier Ministre M. Joseph DION NGUTE sur l’insalubrité des villes camerounaises et en particulier la ville de Douala. Wasico est une réponse à cet appel. Nous prévoyons accompagner les entrepreneurs sélectionnés a la levée de fonds, disposer des coachs et experts pour suivre l’avancement des projets et assurer la communication avec toutes les parties prenantes particuliers, entreprises et organisations gouvernementales.

Pour les 5 cinq prochaines années il s’agira de continuer à être présent dans les territoires, de renforcer les capacités de nos jeunes entrepreneurs a travers les programmes Bouka Club et Bosangi. Également de développer notre plateforme de financement BoukaSeeds.

Nous gardons le reste pour les mois avenirs. Suivez nos actualités pour ne rien manquer !

Propos recueillis par Baltazar Atangana