[Interview] « Le domaine musical camerounais est en ébullition » (Serge Eyébé)

Serge Eyébé, créatif publicitaire et promoteur culturel.

SENtract – Du 1er au 2 Octobre 2022, Serge Eyébé, créatif publicitaire et promoteur culturel, lancera la première édition du festival Bikutsi Attitude, à la case des Arts Yaoundé, au Cameroun. Entretien. 

 

Serge Eyébé! Dites-nous, qui êtes-vous, et que faites-vous ?

Je suis un créatif publicitaire passionné de musique ; ça fait plus de 12 ans que je travaille dans la création publicitaire. C’est d’ailleurs ce métier qui m’a le plus rapproché de la musique camerounaise. Je suis devenu manager et producteur de plusieurs projets musicaux.

Pouvez-vous nous parler de la genèse de ce festival Bikut-si attitude qui est à sa première édition ?

Mon métier consiste à écouter les besoins du consommateur et à lui proposer des solutions sur le plan publicitaire. Autrement dit, je sublime les produits et services afin qu’ils soient consommés. Fort de cette expérience, j’ai observé l’environnement du Bikutsi et je me suis rendu compte qu’il y’a du talent, de bons projets mais qui sont mal présentés. Ce qui est le vrai obstacle pour toucher une cible plus large- certains artistes ne savaient même pas comment faire un shooting photo professionnel.

J’ai donc décidé de créer BIKUTSI ATTITUDE, une plateforme de promotion et de développement exclusive du Bikutsi. Grâce à notre approche révolutionnaire, nous avons commencé par le projet à succès panafricain « PALA PALA WOMAN » qui a eu un succès continental. Ensuite, tous ces artistes-Coco Argentée, Lady Ponce, Richard Amougou, Cabel- nous ont aussi fait confiance.

Je dois avouer que personnellement c’est un projet qui m’a permis de découvrir toute la richesse du Bikutsi que j’ignorais avant. Après 10 ans de travail, j’ai donc pensé qu’il fallait prolonger l’expérience en créant un festival.

Comment arrivez-vous à organiser ce festival complètement gratuit ?

(Rire). Il n’est pas gratuit, il y’a une contribution modeste qui marque en engagement au développement du Bikutsi de la part du public

Toutefois, c’est une édition difficile, nous n’avons aucun sponsor, nous investissons avec le peu de moyens disponibles pour cette première édition. Nous espérons que nous serons accompagnés dès la prochaine édition.

Quel est le but du festival ?

Il est question de participer davantage à l’exposition des œuvres des artistes du « couloir » Bikutsi en particulier, mais surtout vendre d’une autre façon la destination Cameroun.

Le principe est d’avoir un festival itinérant qui va aller vers les populations vivant en dehors de Yaoundé et Douala. Il se tiendra aussi sur certains sites touristiques, afin de promouvoir l’aspect tourisme.

Comment envisagez-vous appeler le public novice à découvrir un pareil festival ?

Nous usons de tous les moyens de communication possible pour attirer le public. Donc forcément le message arrive à destination au regard des retours que nous avons jusqu’ici.

Existe-t-il des modalités de participation à ce festival ? Si oui, lesquelles ?

Pour cette première édition nous avons fait une sélection sur le seul critère d’être capable de proposer un spectacle. Après le studio, il y’a une façon vivante de faire consommer le Bikutsi. C’est ce que nous recherchions.

Quelles sont les activités qui meubleront ce festival du 1 au 2 octobre 2022 ?

Il faut commencer petit à petit, et grandir ensuite. Donc nous sommes assez light pour cette première expérience. Nous avons :
– une résidence pour la création musicale qui va réunir des musiciens, producteurs, compositeurs Bikutsi de plusieurs générations et certains artistes du festival. Le but est de faire une chanson dans l’esprit de Zanzibar, afin de lui rendre hommage et aussi redonner une nouvelle énergie à cette musique immortelle.

-Un talk sur la problématique de « l’internationalisation » du Bikutsi.

-Des spectacles de danse et musique.

Comment est-ce que ce festival pourra contribuer à positionner le Bikut-si comme une vitrine importante dans l’industrie artistique et culturelle à l’échelle internationale ?

Il est important de mentionner que ce festival est un véritable tremplin pour la nouvelle génération d’artistes Bikutsi. Ces artistes seront suivis. Et leurs projets seront développés progressivement afin qu’ils soient prêts pour d’autres marché à travers l’Afrique et le monde. Nous sommes d’ailleurs en collaboration avec plusieurs autres festivals comme le DOMAF, la ZONE. Nous espérons nous étendre vers des festivals comme MASA en côte d’ivoire et d’autres encore à travers le monde entier.

Quelle sont les ambitions pour les prochaines éditions ?

Nous voulons d’un Festival qui se déplace dans le pays. Je serai ravi par exemple qu’on soit dans une ville périphérique, comme Obala avec plus de 5000 personnes qui vibrent au rythme du Bikutsi et des artistes qui viennent d’autres pays.

Depuis plus de 10 ans, vous accompagnez les projets de plusieurs artistes du domaine artistique et culturel camerounais. Un état des lieux…

J’ai accompagné presque toutes les vedettes du Bikutsi. Concernant d’autres rythmes, je bosse aussi avec des artistes comme Charlotte Dipanda, Sandrine Nnanga et bien d’autres. Je constate que les mouvements se font dans tous les sens. Le circuit se professionnalise peu à peu.

Globalement, le domaine musical camerounais est en ébullition. Il faut juste de continuer à travailler pour se maintenir et aller bien au-delà de ce qui a déjà été fait !

Baltazar Atangana Noah

(noahatango@yahoo.ca)