[KIOSQUE] En Afrique, ces journaux qui tapent sur le cadavre d’Elisabeth II….

Sentract – Si Le Point Afrique insiste sur la complicité qui existait entre la reine d’Angleterre et Nelson Mandela, au point qu’ils s’appelaient par leurs prénoms, Le Monde Afrique , pour sa part, relève que la disparition d’Elizabeth II a certes « déclenché un concert d’hommages et de louanges à travers le monde » mais qu’elle « a également suscité des commentaires acerbes au sein des ex-colonies britanniques. Des critiques qui rappellent les épisodes tragiques, les spoliations et la répression qui ont marqué l’histoire de l’empire colonial britannique, dont la reine est perçue à la fois comme le symbole et l’héritière. »

En témoigne, pointe Le Monde Afrique, la réaction en Afrique du Sud du parti Combattants pour la liberté économique du tribun populiste, Julius Malema : « nous ne pleurons pas la mort de la reine Elizabeth, affirme ce parti, puisqu’elle nous rappelle une période très tragique dans l’histoire de notre pays et de l’Afrique. La Grande-Bretagne, sous la direction de la famille royale, a pris le contrôle permanent du territoire en 1806. A partir de ce moment, les peuples autochtones n’ont jamais connu la paix. Durant ses soixante-dix ans de règne, la reine n’a jamais reconnu les atrocités que sa famille leur a infligées. »

Voix discordantes…

Au Kenya, des voix se sont élevées également, relève Le Monde Afrique : « personne ne mentionne ce que les Britanniques faisaient au Kenya lorsqu’elle est devenue reine, a twitté le chroniqueur et caricaturiste kényan Patrick Gathara. Les faits ont tendance à compliquer le conte de fées. »

De fait, précise le journal, « quelques mois après l’accession au trône d’Elizabeth II, débutait la révolte des Mau-Mau. Tout au long de cette rébellion anticolonialiste, violemment réprimée par les colons britanniques, quelque 100.000 Kényans ont trouvé la mort et 300.000 autres ont été emprisonnés. »

Enfin, des voix discordantes aussi au Nigeria, avec le rôle joué par la Grande-Bretagne dans la guerre civile nigériane qui a suivi la décolonisation du pays en 1960. Et Le Monde Afrique de citer ce journaliste nigérian : « personnellement, je suis plus ému en pensant aux deux millions de morts igbo durant la guerre civile. On sait que les Biafrais ont été abandonnés à leur sort sans aucune intervention de la Grande-Bretagne qui voulait protéger ses intérêts économiques. »

Au-delà de la reine, la monarchie en ligne de mire

Autant de critiques qui, en réalité, dépassent la personnalité de la souveraine… C’est du moins ce qu’estime Matthew Smith, professeur d’histoire à l’University College de Londres, cité par Le Monde Afrique : « je pense, dit-il, que lorsque les gens expriment ces opinions, ils ne pensent pas spécifiquement à la reine Elizabeth. Ils pensent à la monarchie britannique en tant qu’institution et à la relation de la monarchie avec les systèmes d’oppression, de répression et d’extraction forcée de la main-d’œuvre, ainsi qu’à l’exploitation des ressources naturelles et aux systèmes de contrôle forcés. »

Les prix explosent sur le continent…

A la Une également : la hausse des prix sur le continent… Exemple au Sénégal : « On va trinquer », s’exclame le quotidien 24 Heures. « Tout flambe !, dénonce le journal. C’est l’expression consacrée d’Est en Ouest et du Nord au Sud du Sénégal ! Résultats des courses : ce mouvement des prix pourrit la vie des Sénégalais. » Le riz, le lait, et l’huile, notamment ont vu leur prix exploser… Et « dans ce contexte de hausse du coût de la vie, les salaires ne suivent pas pour les travailleurs des secteurs de l’informel et du privé », dénonce encore 24 Heures.

Enfin, des mouvements de grogne contre la vie chère également au Burkina Faso… « Pour exprimer au gouvernement de Transition, leur ras-le-bol face à la flambée des prix des hydrocarbures et plus globalement des produits de première nécessité, trois associations de défense des consommateurs du Burkina Faso ont organisé un concert de casseroles dix minutes à l’heure du dîner, vendredi soir à Ouagadougou », pointe Le Pays. Le vacarme attendu a été couvert par la pluie et les participants n’étaient pas très nombreux, reconnait le journal, « pour autant, le gouvernement burkinabè ne devrait pas sous-estimer cette première alerte, estime Le Pays, depuis la double augmentation des prix des hydrocarbures de mai et d’août derniers, qui a eu des répercussions sur toute la chaîne d’approvisionnement et de consommation, car elle pourrait servir de prélude ou de catalyseur à des scènes de mécontentements. (…) A vrai dire, conclut le quotidien burkinabé, nous avons là une bombe atomique à retardement. »

Sentract (avec sites)