[ Lettre ouverte ] « Monsieur le Président Macky Sall, vous n’êtes pas visible comme il se devrait » (Par Amadou Bassirou Sar, consultant)

Monsieur le Président Macky Sall,

Ne m’en tenez pas rigueur, je n’ai malheureusement pas d’autre moyen pour communiquer directement avec vous.

Oublions la dette : si ce n’est vous, M. le Président, faites confiance aux générations futures. Elles régleront ce problème. Oublions les visioconférences pour pallier les sommets entre « amis ».
Certes, il faut « penser globalement« , mais le temps est à (l’action) « agir localement « . Chaque pays a ses réalités en ces moments-ci.

M. Macky Sall, en votre qualité de Président de la République, il est temps de marquer l’Histoire de notre cher Sénégal de votre empreinte.

Une telle pandémie n’est pas cycliquement rapprochée, ni n’a un agenda spécifique. Personne ne l’avait vue venir.

Du statut de « bon élève« , nous reculons sensiblement. Il est vrai que nous ne sommes pas en compétition, ni ne sommes en guerre (comme se plaisent à le dire nombre de chefs d’États). Nous luttons contre un adversaire coriace, qui n’a pas encore dévoilé toutes ses facettes.

Alors, le moindre relâchement nous est préjudiciable et risque de nous être fatal.
Arrêtons la propagation du virus pour juguler les décès.

Soyez le Président qui aura épargné son Peuple des désastres que peut causer le Covid-19.
Je ne suis pas dans les secrets du Palais, ni ne sais comment vous gérez la situation actuelle.

Toutefois, depuis votre déclaration du 14 mars dernier sur les ondes, et une interview accordée à deux médias français la semaine dernière, vous n’êtes pas visible comme il se devrait (vos conseillers en communication sont-ils aussi confinés?).
Seul votre Ministre de la santé « occupe » les devants de la scène pour nous asséner la situation journalière qui, au demeurant, mériterait un lifting (i.e. le seul cas d’évacuation devient redondant…)

Sous d’autres cieux, les chefs d’États de grandes puissances (où les morts se comptent par milliers, en une seule journée) ne s’en laissent pas conter. Ils occupent le devant des medias, communiquent avec leurs populations, font part des mesures qu’ils ont prises. Croyez-moi, le « Je », « Mon équipe », « Mon administration » ne sont pas mal vus dans ce contexte. Au surplus, ils sont toujours entourés des personnes idoines de leurs comités de crise.

N’hésitez plus, M. le Président, venez au devant de la scène, votre « Comité de crise », si tant est qu’il en existe un, à vos côtés.

Parlez aux sénégalais (État d’Urgence oblige, car vous avez toutes les cartes en mains) pour leur dire que vous êtes au courant de ce qui se passe et que vous êtes avec eux.

A vous de dicter les solutions. Je m’autorise à vous en suggérer quelques-unes:
1) Parlez leur des « cas communautaires » qui représentent, à ce stade, pour notre pays le risque le plus grave, et est la hantise de tout Sénégalais. En ce mois béni de Ramadan, nos marchés continuent de grouiller de monde, les gens se bousculent devant les boulangeries. Même si cela ne peut être empêché, créons le cadre pour permettre aux populations de s’approvisionner (délocalisation vers des sites plus appropriés, aménagements horaires ou jours de marché…) L’ingéniosité de nos cadres sait faire dans ce sens.
Si nous n’y prenons garde, notre corps médical, si brave et irréprochable, jusque-là, risque de se trouver submergé, voire dépassé. Dieu nous en Préserve!!! Mais nākk Yallah, Yallah bèye sæ töll…
2) Parlez leur de l’importance du port du masque . Mais surtout annoncez sa gratuité et sa distribution plus judicieuse (kiosques, centres de santé, pourquoi pas les pharmacies, il en existe dans chaque quartier). La préférence locale quant à leur confection est à mettre en exergue…
3) Parlez leur de la préservation de nos richesses halieutiques. En ces temps d’incertitudes, il est hasardeux de nous priver de cette protéine qu’est le poisson. Ces licences accordées à des pavillons (industries) chinois et turcs menacent notre sécurité alimentaire post-Coronavirus.
4) Parlez leur de l’impérieuse nécessité de revisiter nos produits alimentaires locaux (cf. ITA), au risque sinon, d’aller vers des lendemains plus chaotiques.
5) Parlez leur des conséquences immédiates de la pandémie sur le tissu économique,
6) Parlez leur des perspectives de reprise, et des bouleversements sur l’économie nationale…
7) Parlez leur, parlez leur, parlez leur… Vous avez là une occasion inespérée et, surtout, justifiée de le faire tous les jours, et à bon escient.

Patriotiques salutations.

Amadou Bassirou Sar

Consultant, Administrateur de sociétés