« Lis-moi avec le coeur! » : De sa cachette, Diary Sow écrit à son parrain le ministre Serigne Mbaye Thiam

Tract – Le ministre de l’Eau et de l’Assainissement Serigne Mbaye Thiam a twitté hier : « Nous avons enfin des nouvelles de Diary Sow qui va bien. Dans une lettre qu’elle m’a envoyée, suivie de plusieurs échanges ces derniers jours, elle brise le silence pour la première fois. Avec son accord et l’autorisation de sa famille, ci-dessous quelques extraits de sa lettre. ».

De sa cachette, l’étudiante « disparue volontairement » Diary Sow a donc communiqué avec celui qui est son parrain depuis qu’il était ministre de l’Éducation nationale, Serigne Mbaye Thiam et qu’alors élève en première et en terminale, Diary Sow trustait les prix du concours général et se classait deux fois de suite « meilleure élève du Sénégal ». « Je suis en sécurité et terriblement désolé » écrit-elle, ajoutant à l’intention de celui qu’elle appelle « Tonton » : « Je t’en prie, lis-moi avec le coeur ». Voici la lettre de Diary Sow :

« Bonjour tonton. Je tiens à préciser que je t’écris aussi librement que je suis partie. J’ai laissé assez d’indices derrière moi pour qu’on sache que je partais de mon plein gré. Je ne me cache pas. Je ne fuis pas. Considère cela comme une sorte de répit salutaire dans ma vie.
Si je ne m’étais pas manifestée jusqu’à présent, c’est pour la simple raison que j’étais dans l’impossibilité de le faire.
Tonton, Je comprends que vous soyez tous surpris. Je comprendrais aussi que vous soyez déçus.
La jeune fille que tu connais n’aurait pour rien au monde raté un jour d’école. La pression ? Non. La pression n’a jamais été un frein pour moi. Au contraire. Je ne suis victime d’aucune sorte de pression de la part de qui que ce soit, dans mon entourage.
Je n’ai pas disjoncté à cause du confinement ou de la prépa. Ma vie était telle que je l’avais voulue, telle qu’il fallait qu’elle soit. Les doutes ? Je n’ai jamais douté de mes capacités ni de ma force. Mon départ n’est pas aveu de faiblesse.
Tonton, Sache néanmoins que s’il m’avait été possible de faire autrement, je n’aurais pas agi ainsi. Je n’aurais jamais cru que mon nom allait alimenter autant de débats, qu’autant de gens allaient s’inquiéter.
Et jusqu’au dernier moment, je ne réalisais toujours pas que j’étais effectivement en train de passer à l’acte. Je n’en ai parlé à personne. Par pudeur ? De peur d’être incomprise, mal comprise ? Il ne s’agit ni de surmenage, ni de folie, ni de désir de liberté.
Je t’en prie,lis-moi avec le cœur, il y’a certaines choses que la raison ne peut entendre.Qui aurait d’ailleurs accordé le moindre crédit à ce désir irrépressible, irraisonné et si profondément irrationnel qui m’animait? Ma mère? J’avais trop peur de ce qu’elle allait penser.
Toi Tonton?Tu aurais certainement cherché à me dissuader. S’il m’était possible de te demander cette faveur et que j’étais assurée qu’elle serait accueillie favorablement, m’aurais-tu permis cette petite pause, pour retrouver mes esprits?Maintes fois, j’ai failli changer d’avis
La veille de mon départ encore, j’hésitais. En discutant avec toi de l’avenir qui m’attendait, que je voulais, je réalisais à quel point mon projet était insensé. Fugue ? Un mot bien péjoratif pour une quête si profonde.
Je suis consciente de l’audace, de la cruauté même de ma démarche. Je sais à quels tourments me livre ma décision, je pressens les conséquences qu’elle va engendrer, qu’elle engendre déjà.
Tonton,
Je te prierais de rassurer les gens qui me cherchent. Je vais bien, je suis en sécurité. Sache que je suis terriblement, profondément désolée.
Autres extraits de la suite de nos échanges :
Merci, tonton, de faire preuve d’autant d’indulgence à mon égard. Je comprends maintenant que mes peurs étaient infondées et que j’aurais dû t’en parler immédiatement.
Ma famille mérite de savoir, en attendant que je trouve en moi, le courage et la force de reprendre contact avec elle. Ceux qui cherchent une explication rationnelle à mon acte seront déçus, puisqu’il n’en a aucune.
Contrairement à ce que les gens semblent penser, aux paroles qu’on me prête, je ne renonce pas à ma vie d’avant.
Je ne suis pas désolée d’être partie, je suis désolée des gênes occasionnées par mon départ et des gens que j’ai fait souffrir.
Au nom de la famille, je tenais à vous remercier, toutes et tous, pour votre mobilisation et votre compassion. Vos encouragements ont aidé Diary à surmonter cette période difficile. A présent, elle a besoin de sérénité. Elle écrira certainement. »

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