[MALI] ‘Ben le Cerveau’ pro-junte emprisonné pour avoir appeler les putschistes à respecter la durée de la transition

Adama Ben Diarra, called Ben le Cerveau, the leader of Yerewolo Debout sur les remparts, an anti-France political movement, addresses supporters during a protest in Bamako, Mali, February 4, 2022. REUTERS/Paul Lorgerie

Tract – La justice malienne a écroué mardi l’un des soutiens publics les plus connus jusqu’alors des militaires au pouvoir, après des critiques de sa part contre la junte, a-t-on appris auprès du parquet et d’un de ses proches.

 

Adama Ben Diarra sera jugé vendredi pour « atteinte au crédit de l’Etat », ont dit ces deux sources, rapporte l’AFP auteur de cette relation. M. Diarra est à la tête de Yerewolo-Debout sur les remparts, l’une des organisations les plus actives en faveur de la junte qui a pris par la force en 2020 les commandes de ce pays confronté à l’expansion jihadiste et à une crise profonde. Yerewolo a mobilisé dans les rues pour le départ de la force antijihadiste française Barkhane, pour le retrait de la mission de l’ONU Minusma, et pour le recours aux services des Russes.

Les colonels maliens ont effectivement poussé Barkhane et la Minusma vers la sortie en 2022 et 2023 et se sont tournés militairement et politiquement vers la Russie. M. Diarra est par ailleurs membre du Conseil national de transition (CNT), installé par les militaires pour tenir lieu d’organe législatif au Mali.

M. Diarra a appelé la junte le 27 août à respecter l’échéance de mars 2024 à laquelle elle s’est engagée pour rendre le pouvoir à des civils élus. Il a émis des critiques sur la gestion de la junte et déploré les arrestations opérées, selon lui, par les services de sécurité. M. Diarra est la dernière personnalité en date inquiétée sous la junte pour des prises de position ou des infractions financières présumées. Une influenceuse a été condamnée début août à un an de prison ferme après s’en être prise aux militaires au pouvoir et à leur « échec », selon elle, face à l’insécurité et à l’inflation.

En décembre 2021, Issa Kaou N’Djim, figure politique connue pour soutenir le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a été condamné à six mois de prison avec sursis, lui aussi pour « atteinte au crédit de l’Etat », après des propos jugés subversifs sur les réseaux sociaux. Il a été révoqué du CNT.