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Mbougar sur l’homosexualité : « il ne faut pas accorder de poids absolu à ce qu’écrit un romancier »

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SENtract – Invité à l’Harmattan Sénégal, lors d’une conversation « Littérature, Culture et Consensus sociétaux », le lauréat du prix Goncourt 2021, Mohamed Mbougar Sarr est revenu sur la polémique qui a suivi cette distinction. Accusé de faire l’apologie de l’homosexualité, le romancier estime que la réponse à ses détracteurs se trouve dans ses écrits.

«Je crois qu’un romancier sert fondamentalement à dire ce qui est un roman, ce qui est une fiction, à toujours apporter les nuances nécessaires pour réaffirmer le droit au roman d’exister, à la fiction d’exister et la nécessité toujours de s’intéresser aux œuvres romanesques plutôt aux hommes qui sont périssables. Je me dis que tout ce que j’ai tenté de dire, de faire, se trouve dans mes livres. C’est la raison pour laquelle j’évite de plus en plus de m’exprimer, de donner des explications, de me justifier parce que je crois que je n’ai pas à le faire fondamentalement et que mon travail de romancier est la seule réponse que je peux livrer ». Par ces mots, le romancier Mohamed Mbougar Sarr répond aux accusations d’apologie de l’homosexualité dont il a fait l’objet après sa réception du prestigieux prix littéraire Goncourt pour son roman, « La Plus Secrète Mémoire des hommes » publié en 2021 aux éditions Philippe Rey et Jimsaan.

En effet, cette distinction est intervenue trois ans après la sortie de son précédent roman, « De purs hommes » dans lequel l’auteur aborde la question de l’homosexualité qui a engagé la polémique. Cependant, Mohamed Mbougar Sarr est d’avis que sa réponse peut être « insatisfaisante » ou insuffisante ». « Mais c’est la seule fondamentalement dont je dispose et c’est à mes livres toujours que je tente de renvoyer. Ce qu’un homme peut dire est tellement faillible, pauvre parfois, incomplet que je ne suis pas certain qu’il vaille important d’accorder une sorte de poids absolue en tout cas lorsqu’il s’agit de romancier », dira-t-il.

Selon lui, toutes ses œuvres vont dans le sens d’essayer d’expliquer ce qu’est un roman. « On peut avoir l’impression qu’en ayant écouté tout ce qui s’est dit depuis quelques mois voire depuis quelques années, j’avance avec certitude que mes romans sont autant de réponses ou de points de vue figés que j’apporte à des questions alors qu’il n’y a rien de plus instable finalement que le travail du roman. Mais je trouve l’impression que la question fondamentale aujourd’hui, c’est est-ce qu’on comprend véritablement ce qu’est une fiction et il me semble que de façon élémentaire aujourd’hui dans la société sénégalaise, tenter de dire ce qui est écrit, c’est toujours tenter un creux plus souterrainement de réaffirmer ce qu’est une fiction, le pouvoir de la fiction, la distinction entre le réel et la fiction qui n’est pas une coupure mais qui est simplement l’inscription d’un rapport dans un autre espace qui n’est factuel mais un espace métaphorique ou poétique », a-t-il expliqué.

Cependant, concernant « La Plus Secrète Mémoire des hommes », Mohamed Mbougar Sarr dit ne pas avoir « mesuré la tension ou la gravité, l’état de la réception de ce livre ». Et c’est parce que, précisera-t-il, « j’ai vraiment la faiblesse de croire que ce n’est que de la littérature et quand je dis ça, ce n’est pas ignorer la littérature mais je le dis aussi que c’est à la fois la chose la plus importante sur terre et en même temps, ce n’est pas grand-chose ».

Et d’ajouter, « c’est ce paradoxe qui m’a toujours tenu, maintenu ». A en croire le lauréat du prix Goncourt 2021, il ne veut pas que ses lecteurs ne soient pas dans la position de recevoir une vérité que je ne détiens pas mais que je cherche et dans la recherche, « c’est-à-dire qu’il n’y a jamais de thèse, de ligne directrice assumée. Il y a une œuvre totalement ouverte dans laquelle un lecteur a sa place et dans laquelle il pense ».

A en croire Mohamed Mbougar Sarr, l’engagement d’un roman n’est jamais « absolu » mais « relatif ». « Ce qu’on appelle un engagement, c’est une rencontre entre la sensibilité de l’écrivain et la sensibilité de lecteur. J’en veux pour preuve : un roman ne sera jamais engagé de la même manière pour les lecteurs. Mon roman qui a créé le scandale ici est considéré par certains comme un roman très engagé, par d’autres un roman sans engagement », a-t-il laissé entendre.

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