[MESSAGE DU 03 AVRIL DE MACKY SALL] La presse sénégalaise et africaine jugent et commentent

Tract – Imposant défilé militaire hier, mardi 4 avril, dans les rues de Dakar à l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance. 

 

Depuis la tribune officielle, pointe Le Soleil, « le président Macky Sall a assuré que l’État poursuivrait la sécurisation du territoire national avec l’implantation de nouvelles unités jusque dans les zones les plus excentrées, afin de mieux affirmer sa souveraineté et assurer la sécurité des personnes et des biens. »

La veille, relève encore Le Soleil, le chef de l’État, dans son message à la Nation, a réitéré son « ouverture ‘au dialogue et à la concertation, avec toutes les forces vives de la nation, dans le respect de l’État de droit et des Institutions de la République’. »

Pour le juriste et opposant Thierno Bocoum, président du mouvement Agir, interrogé dans les colonnes du quotidien 24 Heures, cette « offre de dialogue du président Sall reste encore à préciser. S’il décide de ne pas se présenter, il pourra organiser des élections libres et transparentes. Et à partir de ce moment,poursuit-il, le dialogue sera possible. Et le dialogue doit également pouvoir permettre à tous les autres candidats à qui on refuse de s’inscrire sur les listes électorales, notamment Khalifa Sall et Karim Wade, de se présenter. Mais il y a aussi, pointe encore Thierno Bocoum, les arrestations dans le camp du Pastef, le principal parti de l’opposition. Il y a vraiment des points de discorde, conclut-il, et on a du mal vraiment à voir quels peuvent être les points de dialogue sachant que les positions restent tranchées’. »

Un « discours hors sol », s’exclame pour sa partWalfQuotidien en première page. « Tous les Sénégalais, d’ici et d’ailleurs, avaient les yeux rivés sur leur téléviseur ou sur leur smartphone pour entendre principalement deux choses, relève le quotidien dakarois : Macky Sall dire qu’il briguera ou ne briguera pas un troisième mandat à la présidentielle de 2024, d’une part, et d’autre part, on attendait le président sur la question des violences politiques qui ont fait dernièrement trois morts, de nombreux blessés et des dégâts matériels considérables. Mais, constate WalfQuotidien, comme beaucoup le craignaient, il a encore esquivé ces questions essentielles. Blackout total, donc, sur la question du troisième mandat qui tient le pays en haleine. En effet, à aucun moment de son discours, il n’a parlé de l’élection présidentielle du 25 février prochain. Alors que, selon les opposants au troisième mandat, il est à son dernier discours de fête d’indépendance. En outre, il laisse dans le doute ses alliés de la coalition présidentielle qui ne savent plus sur quel pied danser »

« Regardons les choses en face, le Sénégal n’a jamais cristallisé autant de tensions politiques,soupire le site Dakar Actu, et notre pays, réputé pour sa stabilité et son modèle démocratique, est aujourd’hui chahuté par des vagues furieuses (…). Depuis de nombreuses années,pointe le site, Macky Sall a tenté de nouer un dialogue apaisé avec les forces vives du pays, mais toujours en vain. Il y a bien longtemps que la coalition de l’opposition a coupé les ponts avec le pouvoir. La violence, dans les actes comme dans les mots, semble la seule voix d’échange possible, déplore encore Dakar Actu. Macky Sall aime profondément son peuple mais ne sait pas comment l’exprimer. (…) Nous attendons de lui et de nos dirigeants en général, qu’ils nous parlent, et surtout qu’ils nous écoutent. »

Enfin, pour L’Observateur Paalga au Burkina Faso, « Macky Sall a raté le coche » : « les Sénégalais vont devoir encore attendre pour être fixés sur l’option finale de celui qu’on suspecte à tort ou à raison de vouloir briguer un troisième mandat. Oui, le Pays de la Téranga va devoir encore retenir son souffle, puisque pas grand-chose n’est venu préciser davantage les intentions du successeur d’Abdoulaye Wade. (…) C’est bien beau de (vouloir) poursuivre l’œuvre de modernisation des institutions de la République, relève encore le quotidien ouagalais, mais à moins d’un an de l’élection présidentielle, on ne voit pas de quel temps dispose le président Macky Sall pour mettre en œuvre les réformes annoncées. »
Et L’Observateur Paalga de s’interroger : « va-t-il se contenter d’en jeter les bases, à charge à son successeur de poursuivre son œuvre ? Ou bien entend-il en être le maître d’œuvre, ce qui signifie dans ce cas qu’il sera candidat au prochain scrutin ? »