[NOTE DE LECTURE] ‘Aux grands  Hommes, La patrie méconnaissante’  de Désiré  FENDE : Plaidoyer pour la valorisation  de nos héros oubliés !

Tract – Dans un contexte africain en général, et camerounais en particulier, oú la pratique de la célébration et la valorisation de nos héros est très peu courante, cette œuvre se pose comme une planche d’invite à l’exhumation et à la présentation au monde de nos figures historiques dont les trajectoires et les exploits courent le risque de se noyer définitivement dans le vertigineux tourbillon de l’oubli. 

 

Les nouvelles écrites par Désiré FENDE, au-delà du style simple et facile à lire, sans pour autant être poussif ni vide de fond, traduisent chez l’auteur une volonté de transmission de ce qu’il a vu parfois et presque vécu. L’originalité ici se révèle dans la capacité de l’auteur à conter et à raconter à la fois son parcours sans le noyer dans les parcours des différentes figures mises en avant comme Manu Dibango,  Mbappe Leppe. Et davantage sans tomber dans le piège courant lorsqu’on s’engage dans un pareil exercice en général : se limiter à la présentation des biographies des figures choisies. Par exemple, en découvrant, au fil des pages et des mots, qui était Engelbert Mveng ou Messi Martin tout en suivant également la trajectoire de FENDE, l’on est emballé délicatement par la fluidité du récit, tacheté d’humour. On est dans une sorte d’écrit-plaidoyer qui, subtilement, pôle réflexif bien dissimulé dans le pôle littéraire, clame la réhabilitation de nos héros. Sans fanfares ni pédantisme !

Loin de toute démarche tribale et de toute instrumentalisation politique, ce fait littéraire met chacun de nous face à ses responsabilités : qu’elle est notre part dans la construction et l’entretien de notre histoire nationale, qui passe, en autres, par la valorisation de nos figures historiques et l’exorcisation de la crise mémorielle qui nous travaillent ? Soit !

En fin de compte, ce fait littéraire de FENDE suggère de considérer l’implication de nos écrits, de nos parcours, de nos trajectoires et de nos différentes vies, mieux nos rencontres, dans l’univers des dialogues et des discours autour de la mémoire. Les différentes nouvelles, quinze au total, qui constituent ce livre deviennent ainsi vectrices d’une force qui permettra à chaque lecteur, après lecture assidue et minutieuse, de s’inscrire, chacun à sa manière, et à partir de son domaine, dans le processus de construction d’un imaginaire social, culturel et historique qui insiste sur la valorisation de tous nos héros oubliés et/ou méconnus.

 

Baltazar Atangana

Critique littéraire