[Note de lecture] « Cortex-déconfinement » de Symphorien Tenne: pour une émancipation de l’esprit !

Sentract – Publié aux éditions ICES en juin 2021, cet essai de Symphorien Tenne expose les fondements de son engagement pour l’émancipation de l’esprit des africains, francophones notamment. 

 

C’est, en filigrane, un ouvrage dans lequel l’essayiste camerounais suggère une reconfiguration structurée, non politisée bien-sûr, des systèmes -sanitaires, scolaires, académiques, environnementaux, économiques, socioculturels- qui constituent la chaîne fonctionnelle d’un État. Le but ultime de cette démarche étant donc d’inciter les populations à se « réapproprier tous les moyens par lesquels un peuple se définit » à la Ngugi Wa Thiongo( Décoloniser l’esprit). Cette reconstruction du processus étant de reprendre la maîtrise de nos histoires, nos vérités, nos origines. Ce qui, sans bémol, fera « prospérer et produire de belles fleurs qui feront rayonner l’Afrique »(p.185).

Symphorien Tenne souligne aussi l’importance de « former (…) la jeunesse en l’aidant à se mettre résolument à l’apprentissage et à la recherche de la maîtrise et du perfectionnement de l’usage des nouvelles technologies »(p.123). C’est, d’ailleurs, pour cette raison que l’auteur propose d’éduquer les populations sur les vertus de la citoyenneté responsable. Celle qui admet de passer au crible des sujets délicats, voire frappés d’interdits, comme le viol, les homosexualités. C’est, selon lui, la voix inéluctable qui fera prendre conscience à chacun que « pour la paix universelles dans ce monde, nous devons donc tous être uni-s-vers-elle »(p.189).

L’essayiste camerounais Symphorien Tenne, au-delà de son discours truculent qui pourrait être vu et lu par des esprits pas très cartésiens comme un subtil « discours de haine », nous permet de comprendre ce qui se passera avec l’émancipation des esprits dans plusieurs sociétés africaines. Loin d’être posée comme un repli sur soi, démarche maladroite, l’émancipation de l’esprit proposée par Symphorien Tenne pourrait, définitivement, nous affranchir d’une singulière et violente aliénation- surtout spirituelle et culturelle- qui n’a pas encore fini de nous ruiner les âmes, les esprits, les corps, les sols… l’existence.

En somme, contrairement à cette démarche de Symphorien Tenne, vouloir mettre à chaque fois nos balises réflexives et nos insuffisances par rapport aux occidentaux, l’éducation à l’émancipation de l’esprit est, dès lors, un défi permanent pour tous les acteurs de la coopération et l’interconnexion planétaire. Le relever devient un hyperactif catégorique pour chacun de nous, par rapport à nous-mêmes d’abord, les autres n’étant donc que des interlocuteurs. Alors,  acceptons-nous une émancipation de l’esprit qui passe par l’ouverture au monde, la valorisation des fondamentaux de nos valeurs socioculturelles et l’élaboration des projets concrets qui s’illustrent par et dans un agir globalisant et émancipant ? Soit.

Baltazar Atangana Noah

Critique littéraire.

(noahatango@yahoo.ca)