‘Où était-il ce « code d’honneur » depuis 2012 ?’ (Par Marvel Ndoye)

Tract- Le président Macky Sall, chef de l’APR / BBY, à l’occasion de son adresse à la nation du 3 Juillet 2023, la seule qui a été largement suivie depuis celle du 31 Décembre 2012, a enfin annoncé ce que tant d’honnêtes citoyens espéraient, à savoir la renonciation à briguer par la force un 3ème mandat que les 17 millions de sénégalais ainsi que la communauté internationale savaient illégal.

Toute personne qui était vivante, dotée du sens de l’ouïe et / ou de la vue durant la campagne pour le référendum de 2016, et jusqu’aux présidentielles de 2019, toute personne qui a assisté à ce qui a été dit et écrit durant cette période, mais qui émettrait après cela le moindre doute sur l’illégalité de ce 3ème mandat ne serait qu’un pur malhonnête baignant dans l’hypocrisie, ou un mercenaire chargé de répandre ce doute.

Pour justifier sa décision, Macky Sall a invoqué un « code d’honneur » qui l’aurait contraint à respecter une promesse donnée. C’est une véritable farce. Nous aurions essayé de le croire s’il n’avait pas également déclaré dans le même discours qu’il avait quand même bien le droit à ce 3ème mandat en vertu de la constitution, mais qu’il y renonce par simple volonté de respect d’une promesse, par respect d’un « code d’honneur ». Ben voyons !!.

Comment en vertu du même texte un 3ème mandat qu’il savait, disait et répétait de 2011 à 2019 totalement illégal au Sénégal, serait subitement légal pour lui seul ? Monsieur Sall vous vous êtes complètement gourré dans votre discours, et avez tout gâté. Ce supposé « code d’honneur » n’a absolument rien à voir avec ce qui n’est rien d’autre qu’une abdication qui a été forcée par la détermination d’un peuple fatigué et celle du principal parti de l’opposition, le Pastef, pour vous voir débarrasser le plancher, vous et votre clan de fossoyeurs impunis qui ne perdent rien pour attendre.

Parlant de ce soi-disant code d’honneur :

1° Où était ce code d’honneur lorsque vous répondiez par « Ni oui, ni non » à la question des journalistes sur vos intentions de briguer un 3ème mandat, alors que quelques mois auparavant c’était un NON ferme et sans concession parce que contraire à la constitution ?

2° Où était ce code d’honneur lorsque vous vous refugiez derrière un avis du Conseil Constitutionnel pour enterrer votre promesse tant répétée aux 4 coins du globe de réduire votre mandat de 7 à 5 ans ?

3° Où était ce code d’honneur lorsque vous nommiez votre frère Aliou Sall à la CDC, enterrant votre promesse de ne jamais signer un décret de nomination pour lui ?

4° Où était ce code d’honneur lorsque vous composiez des gouvernements de 40 ministres, enterrant votre promesse d’en réduire la taille à 25 ?

5° Où était ce code d’honneur lorsque vous mettiez toute votre famille, votre belle-famille, votre parti, vos alliés, vos amis, dans les coins et recoins de la patrie, crachant sur votre promesse de mettre la patrie avant le parti.

6° Où était ce code d’honneur lorsque vous invitiez à votre table et dans votre gouvernement les délinquants économiques épinglés par la CREI, lorsque vous demandiez au procureur Alioune Ndao de laisser Abdoulaye Baldé tranquille, enterrant votre promesse d’une réédition des comptes pour les précédents gestionnaires des deniers publics ?

7° Où était ce code d’honneur lorsque les corps de contrôle voyaient leurs actions entravées, leurs rapports finir à la poubelle les unes après les autres, votre beau-frère Mansour Faye les qualifier de politiciens, votre ami Cheikh Oumar Hann les qualifier d’opposants, votre ami Moustapha Diop les insulter et les mettre à la porte, enterrant votre promesse de rendre aux organes de vérification et de contrôle de l’Etat la plénitude de leurs attributions ?

8° Où était ce code d’honneur lorsque tous les Ministres, DG, PCA, ….., pillent, re-pillent à ciel ouvert, et impunément les maigres ressources des 17 millions de citoyens, enterrant votre promesse d’une gestion vertueuse, d’un assainissement de l’environnement des affaires et d’une lutte contre la corruption et la concussion ?

9° Où était ce code d’honneur lorsque vous déclariez que vous avez mis votre coude sur des dossiers judiciaires, lorsque vous demandiez à Nafi Ngom Keita de laisser Mamadou Badio Camara tranquille pour sa déclaration de patrimoine, renvoyant aux calendes grecques votre engagement de ne protéger personne ?

10° Où était ce code d’honneur lorsque à Kaffrine vous invitiez voter clan à aller chercher les transhumants par tous les moyens, lorsque vous défendiez la liberté de trahison de ces transhumants, alors que quelques années avant vous qualifiez la transhumance de cancer de la politique ?

11° Où était ce code d’honneur lorsque vos magistrats mettaient 7 journalistes en prison, dont certains y sont toujours, enterrant la promesse que vous votre magistère jamais un journaliste ne sera mis en prison ?

12° Où était ce code d’honneur ces 3 dernières années lorsque de jeunes manifestants désarmés se faisaient réprimer au sang (une soixantaine en sont morts) par des FDS et des Milices en possession d’armes de guerre à de balles réelles, de barres de fer, de coupe-coupe, enterrant votre promesse de respecter les libertés de manifestation et de protéger les citoyens ?

13° Où était ce code d’honneur ces 3 dernières années lorsque les enquêtes pour déterminer les auteurs et les commanditaires des meurtres de ces dizaines de jeunes manifestants désarmés étaient enterréesles une après les autres, enterrant avec votre promesse de garantir l’indépendance de la justice et celle de ne protéger personne ?

14° Où était ce code d’honneur lorsque votre administration mettait en prison des centaines de citoyens innocents ayant exprimé de simples opinions qui vous déplaisent ou déplaisent à votre famille, crachant sur votre promesse de garantir la liberté d’expression et de préserver la démocratie ?

15° Où était ce code d’honneur lorsque vous observiez les sociétés privées locales combattues par votre administration qui les faisait tomber en faillite les unes après les autres, qui envoyait au chômage des milliers de père de familles, enterrant votre promesse de renforcer ce secteur privé, de réduire ce chômage et de créer 1,5 millions d’emplois ?

16° Où était ce code d’honneur lorsque vous faisiez suspendre les accès à internet ainsi que les réseaux sociaux, enterrant votre promesse de garantir la liberté d’expression à tous ?

17° Où était ce code d’honneur lorsque toute une ville comme la Casamance subit sous vos yeux un blocus à l’image de celui subi par la Bande de Gaza, foulant au pied votre promesse d’un Sénégal de tous et pour tous.

18° Où était ce code d’honneur lorsque vous écoutiez sans broncher vos amis et les membres de votre coalition appeler régulièrement au génocide ou à des crimes contre l’humanité, crachant sur votre promesse d’un Sénégal de paix et de stabilité sociale

19° Où était ce code d’honneur lorsque vous vous envoliez hors du pays avec Ousmane Ngom ou avec Cheikh Yerim Seck sur qui pesaient des interdictions de sortie du territoire, appliquant à la tête du client votre promesse de veiller à l’exécution des décisions de justice ?

20° Où était ce code d’honneur lorsque vous encouragiez le pouvoir judiciaire à violer et violer encore allègrement les droits les plus élémentaires du citoyen qui semble le plus populaire du Sénégal, Ousmane Sonko, enterrant votre promesse de renforcer l’égalité entre les citoyens devant la loi ?

21° Où était ce code d’honneur lorsque vous instruisiez aux maires de votre coalition d’organiser eux-mêmes et d’autres citoyens le face-à-face avec de supposées forces extérieures, alors que vous savez que c’est le rôle des forces de défense, crachant donc sur votre promesse de garantir l’état de droit ?

22° Où était ce code d’honneur lorsque vous receviez au palais de la république un minable voleur de listes tel que ce Djibril Ngom, jetant aux ordures votre promesse de redonner aux institutions leur respectabilité ?

On peut relever des dizaines d’autres faits, d’autres actes après lesquels on peut se demander où était ce fameux code d’honneur que vous invoquez aujourd’hui pour justifier votre reculade

Nous avons beau chercher parmi vos centaines de promesses émises de 2010 à nos jours, mais nous n’arrivons pas à en trouver une seule, mais sincèrement pas une seule qui ait été respectée, ne fusse que par souci d’obéir à un code d’honneur. Celui qui en trouve une n’a qu’à le dire.

Ceux qui soutiennent que l’on ne félicite pas un tyran qui a été contraint d’abdiquer n’ont absolument pas tort. Si durant votre discours vous aviez au moins maintenu ce que vous avez toujours dit et redit partout de 2015 à 2019 sur la limitation de ses mandats à deux incluant le mandat de 7 an car un mandat est un mandat, et que la limitation du nombre de mandats datait déjà de la constitution de 2001, nous aurions pu croire que c’est un code d’honneur qui vous a décidé pour cette fois. Monsieur le président sortant vous ne méritez donc pas du tout nos félicitations, ni la grande porte.

Nous espérons quand même qu’à partir de maintenant, un code d’honneur vous guidera pour éviter d’entrainer le Sénégal dans un nouveau bain de sang en vous obstinant à empêcher à des centaines de milliers, voire des millions de sénégalais de choisir librement aux prochaines présidentielles le candidat dont vous semblez redouter tant la détermination, dont vous semblez convaincu des chances de gagner ces élections, mais qui aurait promis une réédition des comptes sans complaisance, au contraire de la vieille garde moribonde des fossoyeurs qui s’étaient enfermés dans un simulacre de dialogue destiné en réalité à essayer d’éteindre ensemble le rouleau compresseur que Ousmane Sonko va représenter en Février 2024.

* Par MARVEL NDOYE
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