Premières pluies : hécatombe de moutons au ranch de Dolly (Linguère)

Les premières pluies ont commencé à tomber à l’intérieur du pays. Mais au Ranch de Dolly, situé dans la zone sylvopastorale, dans le département de Linguère, c’est l’hécatombe. En effet, plus de 1300 moutons sont morts à cause de la forte pluie, accompagnée d’un vent violent.

La forte pluie enregistrée vendredi dernier à l’intérieur du pays a fait plusieurs dégâts. Et le cheptel a en payé un lourd tribut. Dans le département de Linguère, précisément au Ranch de Dolly, situé dans la zone sylvopastorale, après cette forte pluie accompagnée d’un vent violent, 1300 têtes de bétail ont été tuées suite à un choc thermique causé par les 48 mm de pluie. Il faut à ce propos signaler que le choc a particulièrement touché les femelles qui sont actuellement très faibles à cause de la cherté de l’aliment de bétail. D’ailleurs, après ces pertes enregistrées, le ministre de l’Elevage Aly Saleh, dit-on, a effectué une descente sur les lieux pour s’enquérir de la situation. Il faut rappeler que ce n’est pas la première fois que le Ranch de Dolly vit une situation pareille. En juillet 2018, plus de 10 000 moutons et chèvres avaient aussi été tués par une forte pluie, ainsi qu’une centaine de bœufs qui avaient été retrouvés morts sur les lieux.

400 ruminants morts à Podor
Cette même situation a été notée récemment dans le Saloum où plusieurs bêtes sont mortes. Idem à Podor où 400 ruminants composés de moutons et de chèvres sont morts par noyade, à cause des eaux pluviales. Une information donnée par le sous-préfet de Cas-Cas, reprise par Seneweb. Et ce sont les villages de Parangol et de Nanaye Peulh, situés dans cette commune, qui ont été touchés. « Nous avons recensé la perte de 238 ovins (moutons), de 234 caprins (chèvres) et de 3 bovins (vaches), lors de notre première visite », a précisé Oumar Sy. « La forte pluie survenue vendredi en fin d’après-midi, avec 40 mm, a surpris le cheptel dans les pâturages. J’ai perdu 56 chèvres, 39 moutons et une vache qui sont tous noyés dans les mares occasionnées par la pluie », s’est désolé Alassane Sewndou Bâ, un éleveur du village d’Aéré Waandé.

Le désarroi du chef de village qui dénonce l’attitude des autorités

« La pluie a démarré entre 16h et 17h, après quelques minutes, une pause est notée et le vent s’en suivait. Et avec la fraîcheur du vent, les moutons ne pouvaient plus tenir parce qu’ils n’avaient plus de quoi brouter depuis très longtemps. Il n’y avait plus d’herbes dans certaines zones du ranch. Et le gouvernement subventionnait rarement les aliments de bétail. Depuis le départ de Aminata Mbengue Ndiaye (du ministère de l’Elevage), les aliments sont presque hors subvention. Nous venons juste de recevoir un quota en aliments et cela fait plus de trois mois que le pâturage est vide. C’est pourquoi nous avons perdu beaucoup de têtes. Certains éleveurs ont même perdu des troupeaux entiers. Nous avons reçu la visite de l’inspecteur de l’Elevage et le directeur du ranch pour recenser le nombre de sujets perdus mais là aussi il y a problème parce que certains éleveurs ne font pas partie du recensement. Nous ne savons pas comment cela a pu avoir lieu ».

Ismaëla Sow, Président des éleveurs du Sénégal
« La plupart des moutons morts sont des femelles et non des béliers »

Président des éleveurs du Sénégal, Ismaël Sow a abondé dans le même sens que le directeur de l’Elevage, suite à la mort de plus d’un millier de moutons au Ranch de Dolly. « La plupart des moutons morts sont soit des femelles soit du bétail mal nourri ou faible. En général, il n’y a pas de béliers, car les moutons que l’on prépare pour la Tabaski sont sélectionnés très tôt, font l’objet d’une attention particulière et sont très bien nourris », a-t-il dit. Toutes choses qui font, selon lui, qu’il n’y a pas de soucis à se faire pour la Tabaski. Il a par ailleurs rappelé que ce n’est pas la première fois qu’on connait ce genre de catastrophe après les premières pluies.

« 90% des moutons de Tabaski viennent de la Mauritanie »

Sur la fermeture des frontières avec le Mali, Ismaëla Sow a tenu à préciser que cela ne va également pas avoir un grand impact sur la Tabaski, notamment sur la rareté ou la cherté des moutons. « Ce que les gens ne savent pas, c’est que la plupart des moutons de Tabaski ne proviennent pas du Mali. C’est plutôt les bœufs qui viennent du Mali ou du Burkina. Les moutons qui entrent au Sénégal pendant la période de la Tabaski proviennent à 90% de la Mauritanie », précise-t-il. En réalité, indique le président des éleveurs du Sénégal, juste après la Korité, certains Mauritaniens emmènent leurs troupeaux en pâturage en allant vers le Mali ou vers Kayes où la nature est verdoyante. Ce qui fait qu’à l’approche de la Tabaski, ils quittent cette zone pour venir directement au Sénégal. C’est ce qui fait croire que les moutons proviennent du Mali. « Après la fermeture de la frontière, ils ont changé de destinations, car ils savent que s’ils passent par le Mali, ils ne pourront pas entrer au Sénégal. C’est pourquoi ils passent maintenant par Bakel, Podor, Matam, Ourossogui, etc. », a expliqué Ismaël Sow.

Les assurances du directeur de l’Elevage, Dame Sow
« Il n’y aura pas d’incidence sur la Tabaski »

À 5 semaines de la Tabaski, les dernières pluies qui ont décimé le bétail au Ranch de Dolly et à Podor, occasionnant des milliers de pertes, inquiètent les populations. Une inquiétude accentuée par la fermeture des frontières avec le Mali. Face à cette situation, le directeur de l’Elevage s’est voulu rassurant. « Il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour la Tabaski, car ces mortalités ne touchent pas les moutons de Tabaski. Parmi ces bêtes tuées après la forte pluie, il n’y a pas de béliers et s’il y en a, c’est de manière exceptionnelle. Ce qui veut dire qu’il ne peut pas y avoir d’incidence sur la Tabaski », a expliqué Dame Sow. Il ajoute : « La plupart des moutons qui ont été décimés par les fortes pluies du vendredi dernier sont des femelles et de petits ruminants. Ces bêtes sont faibles et ne peuvent pas résister en général aux vents violents ou à de fortes pluies. En général, elles sont tuées suite à un choc thermique, c’est-à-dire une différence de température, et il est difficile de les récupérer ». M. Sow a par ailleurs rappelé que le Sénégal a vécu la même situation les années dernières, mais là encore, c’était essentiellement des femelles qui étaient touchées et c’était d’une très grande ampleur.

« Nous n’avons pas pour le moment de grosses inquiétudes »
Par rapport à la fermeture des frontières avec le Mali et les éventuels risques que cela pourrait avoir sur le ravitaillement en moutons pour la Tabaski, le directeur de l’Elevage a été on ne peut plus prudent. « Pour l’instant, on ne peut pas se prononcer sur cela, nous sommes en train de suivre la situation au jour le jour, mais nous n’avons pas pour le moment de grosses inquiétudes. C’est une situation évolutive et à tout moment ça peut changer », s’est-il contenté de dire. Selon lui, dans le courant des 30 derniers jours avant la Tabaski, les services du ministère de l’Elevage feront un « suivi quotidien » sur l’ensemble du territoire national.

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