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Procès Khalifa Sall : l’ambassade du Cameroun à Dakar réprouve la plaidoirie du bâtonnier Kamga

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Par le canal de sa représentation diplomatique camerounaise basée à Dakar, l’État camerounais s’indigne des propos tenus par l’avocat camerounais, Me Jackson Francis Kamga, au procès Khalifa Sall.

Une position qui avait suscité un grand tollé chez les compatriotes du Président Macky Sall, occasionnant ainsi la réplique des avocats de l’Etat sénégalais, estimant que le pays de la Teranga n’a pas de leçon à recevoir de l’Etat dirigé par Paul Biya.

Les propos tenus par l’avocat camerounais, Me Jackson Francis Kamga, lors des plaidoiries dans le cadre du procès du maire de Dakar, Khalifa Sall, n’ont pas plu à la représentation diplomatique camerounaise basée à Dakar. Dans un communiqué parvenu à WalfQuotidien, l’ambassadeur, Jean Koe Ntonga, a exprimé sa gêne suite à cette «incartade». «A la suite de la réponse du juge Lamotte et des répliques des Maîtres Samba Bitéye et Boubacar Cissé, avocats du Sénégal, l’ambassade du Cameroun au Sénégal, qui a saisi, le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, émet ses regrets et condamne les propos de Me Kamga, lesquels ne reflètent aucunement l’esprit et la qualité des liens d’amitié et de coopération qui unissent le Cameroun et le Sénégal», note le document. Qui rappelle que l’avocat parlait à titre personnel et défendait les intérêts de son client, Khalifa Sall, maire de Dakar en prison depuis le 7 mars 2017, pour détournement de deniers publics présumé. «Il ne parlait pas au nom de l’Etat du Cameroun et encore moins des autorités camerounaises. Les propos désobligeants tenus à l’endroit des Sénégalais, n’engagent par conséquent que lui-même et non le Cameroun. En effet, le principe cardinal et intangible de la politique extérieure du Cameroun est la non ingérence dans les affaires des autres pays. C’est pour cette raison que l’ambassade n’émet aucune opinion ni sur la forme ni sur le fond de la réponse du juge et des répliques des avocats de l’Etat du Sénégal», précise le diplomate.

Par ailleurs, le diplomate camerounais souligne que la coopération sénégalo-camerounaise est régie par un cadre juridique constitué de plusieurs accords. Et aussi par une Grande commission mixte de coopération instituée par le traité d’amitié et coopération signé le 16 janvier 1972. Il ajoute que cette grande commission a déjà tenu plusieurs sessions et la prochaine est prévue à Yaoundé. Le 22 février dernier, Me Jackson Francis Kamga, bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun et avocat de Khalifa Sall avait affirmé lors de sa prise de parole pour les plaidoiries : «Les Sénégalais habituellement loquaces sont devenus silencieux.  Sont-ils castrés, tétanisés ?». Des propos qui n’avaient pas plus au juge Malick Lamotte et aux avocats de la partie civile. En réponse à ces propos, les avocats de l’Etat du Sénégal avaient considéré que le pays de la Teranga n’a pas de leçon à recevoir d’un quelconque pays d’Afrique (voir ci-contre).

L’étincelle qui a mis le feu aux poudres

 

«Le Sénégal n’a pas de leçon à recevoir du Cameroun, ni d’un quelconque autre pays que ce soit. Le bâtonnier Kamga ne peut pas nous donner de leçons de démocratie, de procès équitable ou d’avancées en matière de Justice, en tant qu’avocat. L’attaque du bâtonnier Kamga n’est pas dirigée contre la Justice sénégalaise, mais contre tout le Sénégal». Telle a été la réplique apportée par Me Samba Bitèye, au procès Khalifa Sall où la partie civile avait la parole, pour les répliques aux plaidoiries de la défense. Me Bitèye, avocat de l’Etat du Sénégal dans cette procédure, répondait à Me Jackson Francis Kamga, avocat de Khalifa Sall qui avait estimé qu’il avait l’impression que les Sénégalais sont «castrés». Faisant allusion à leur passivité face aux pratiques du régime en place. «Je fustige cette déclaration. C’est choquant. Les Sénégalais ne sont  pas castrés», avait rétorqué Me Bitèye à son confrère du camp adverse. Ces propos de Me Kamga ont été à l’origine d’un incident qui avait poussé le juge Lamotte à bouder l’audience. Ce qui va donner une autre tournure à ce qui devait être un simple incident d’audience, comme on le constate depuis le début du procès, le 23 janvier dernier.

En effet, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal, Me Mbaye Guèye, était entré dans la danse en intimant au juge l’ordre d’«arrêter de juger les avocats». Au final, les protagonistes avaient soldé leurs comptes en privé. Mais Me Kamga a campé sur sa position. «Je n’ai utilisé aucun terme choquant. Je dirige un ordre d’avocats qui comporte 3 300 membres. Je suis celui qui enseigne la déontologie et réprime les fautes disciplinaires et les manquements à nos règles. Je n’ai commis aucune faute déontologique. Les expressions que j’ai utilisées au tribunal, je les réutiliserai et ça ne donnera lieu à aucun commentaire. Je suis son avocat mais je suis obligé de le défendre selon la ligne de défense qu’il donne. Il est persuadé que c’est le procès politique et il l’a suffisamment démontré. C’est un procès politique dans sa motivation et dans sa mise en œuvre», a réagi le bâtonnier du Cameroun après l’incident. Mieux encore, il avertit qu’«il est interdit à quiconque de commenter les plaidoiries d’un avocat», en ce sens que «l’avocat bénéficie d’une immunité de plaidoirie».

 

Avec Walf

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