[PROFIL] Shula Ndiaye, artiste-chanteuse: La voix de l’engagement

Sénégal – L’engagement Ramatoulaye Ndiaye, alias Shula, sort son album Sénégal Jamm Rek. Cette voix révélée au public dans les années 90 allie musique et entreprenariat. D’où son concept «Shula acoustique tour», qui, d’après elle, est une réflexion qui joint la musique aux actions humanitaires et l’échange artistique. Profil. 

 

 Le mélomane est tout d’un coup émerveillé par les sonorités de la voix suave qui se dégagent chez cette dame à la taille moyenne. Guitare toujours en bandoulière, Shula Ndiaye, artiste chanteuse, fait son petit bonhomme de chemin au milieu d’un show biz. La native de Rufisque s’est imposée comme une voix qui porte mais qui compte. De son vrai nom Ramatoulaye Ndiaye, elle a été bercée par la musique à travers des grandes voix comme Khar Mbaye Madiaga, Samba Diabaré Samb, Fa Mbaye Issa Diop ou encore Amadou Ndiaye Samb. Amoureuse des mélodies dès son enfance, elle sacrifie des nuits à écouter une émission de variété musicale sur une radio fm du transistor de son grand-père maternel, Ibrahima Gueye. C’est ainsi qu’elle entend pour la première fois, selon le site afrisson.com, Aretha Franklin, John Lee Hooker, Otis Redding, Ella Fitzgerald et de Mahalia Jackson. Dans le sillage de ces monstres sacrés de la musique, Shula prend son destin en main. Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Shula, à 11 ans, décide de faire sienne cette citation de Corneille. Comme ses idoles, l’auteure compositrice, guitariste démarre une carrière musicale. Quelques années plus tard, lors des ouvertures du foyer de fin d’année, l’artiste imite la fameuse chanson de la grande voix américaine, Whitney Houston, «I will always love you». Son amour pour la chanteuse morte en 2012 et sa manière de reproduire ses morceaux lui valent le sobriquet de WH. Face aux tensions notées dans son pays, l’artiste chanteuse et entrepreneure culturelle sénégalaise Shula Ndiaye, Ramatoulaye Ndiaye de son vrai nom, a initié le projet «Jamm», un programme socioculturel international et quinquennal. L’objectif est de parvenir à transmettre la culture de la paix qui constitue l’héritage fondamental du Sénégal aux nouvelles générations. Il faut dire que Shula ne se détache presque jamais de sa guitare. La native de Rufisque fait de la musique acoustique avec une approche traditionnelle et moderne appelée Afrofolk/accoustic.

Révélée au public sénégalais par Ousmane Diallo dit Ouza à travers leur duo «Yaye Amy» de l’album «Demb» de Ouza, en 1996, Shula Ndiaye est aujourd’hui l’une des dames entrepreneures les plus influentes du continent, selon le Magazine panafricain «Ceux qui font l’Afrique».

 La culture comme vecteur de paix

En effet, l’artiste au teint noir et aux longs dreadlocks est très engagée. Elle met toujours son art au service de sa communauté, en soutenant les femmes et les jeunes. Comment la culture peut-elle participer positivement aux transformations sociales ? C’est la question que se pose continuellement Shula Ndiaye pour impacter sa société. D’où la mise en place du projet «Jamm». «C’est d’abord un projet de vie s’inspirant de nos pratiques culturelles qui ont forgé et fondé notre identité de pays de la Téranga. Jamm veut faire bénéficier à la jeune génération notre richesse culturelle sur laquelle était tracée une société prospère et paisible par nos anciens, avant que les nombreux bouleversements géostratégiques viennent changer la donne», explique-t-elle. «Aujourd’hui, le constat d’une jeunesse engagée, avec une envie réelle de reprendre en main le destin de notre pays est inéluctable», poursuit-elle, notant que «Jamm vient ainsi à son heure, dans un contexte où les forces vives de la nation doivent soutenir cette jeunesse bouillonnante d’ambitions». Le projet vise donc à rassembler autour de sa vision de la paix comme voie de développement inclusive dans une société juste. Aussi, il s’agit de porter la réflexion sur le rôle des femmes et des jeunes dans la construction du comportement de paix et d’engagement citoyen pour le développement. Egalement, il est question de vulgariser le modèle de développement endogène qui avait fait de nos sociétés des terroirs riches et paisibles.

Porteuse d’un concept

Pendant plus de 10 ans, la carrière de Shula Ndiaye a été émaillée de fréquents retraits, des moments que l’artiste a consacrés à la recherche. Une recherche profonde sur l’histoire socio-culturelle sur laquelle étaient bâties des sociétés aussi variées que communes de par l’essence de leur fondement. Ce qui a d’ailleurs permis de bâtir une République harmonieuse, légitime à aspirer à un développement inclusive basé sur la paix et l’harmonie, selon l’artiste. Auteur, compositeur, productrice, Shula Ndiaye a, dans son répertoire, des chansons à thème, qui se veulent une lecture réaliste de ses espoirs, mais aussi de ses inquiétudes pour ce petit village planétaire qu’est devenu le monde, où «tout va très vite», et où «le souci de l’autre n’est plus trop la priorité pour certains». Une société où «la peur de l’autre, l’intolérance ont rendu l’homme de moins en moins hospitalier, ou de plus en plus violent». In fine, Shula Ndiaye porte un concept qui évoque l’importance de la place des femmes et des jeunes comme vecteurs de développement, de la préservation de la nature, de l’importance de l’éducation en Afrique, de l’immigration clandestine, du chômage, de la paix dans le monde, de l’amour, entre autre.

Tract avec Adama Aidara Kanté (Besbi)