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Ramata-Toulaye Sy réalisatrice du film «Banel et Adma» : «Je ne voulais pas parler de la misère de l’Afrique»

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 Le film «Banel et Adama» sort le 6 octobre prochain au Sénégal en avant-première. Sa réalisatrice, Ramata-Toulaye Sy, était l’invité de Alassane Samba Diop ce dimanche, dans l’émission «Questions directes». La jeune peule est revenue sur cette histoire d’amour, ses motivations, entres autres.

 

Dites-nous pourquoi votre dernier film intitulé «Banel et Adama» ?

Avant tout, c’était important pour moi d’écrire une histoire d’amour qui se passe au Fouta. Moi, je suis née en France, mes parents sont originaires du Fouta. Donc, on a grandi dans cette tradition et vous savez comment sont les «Foutankés» : très fiers. Même si je suis née en France, j’ai grandi avec cet amour de la culture Peulh. Je ne voulais pas une histoire misérabiliste, je ne veux pas une histoire sociale parce que, je pense qu’on n’en a assez des histoires de migration vers la France. Je voulais surtout des gens qui resteraient au Fouta, qui aimeraient cette région et pas qu’ils veulent partir. Justement, une histoire qui se déroule dans les sociétés très particulières, notamment les peuls, pourquoi cette option ? Oui, très particulière. On dit qu’on est particuliers, parce qu’on aime notre communauté. C’est une communauté très communautariste en effet, mais on peut dire, les peuls ont cette fierté parce qu’ils n’ont pas envie de perdre leur culture, leur tradition. Et c’est vrai qu’à travers mon histoire, j’ai voulu raconter un peu mon vécu. Comment trouver son individualité dans cette communauté. Une communauté communautariste mais les peuls sont quand même assez ouverts au monde car on les trouve partout dans le monde. Ils ont la réputation d’être communautaristes, mais c’est juste une sorte de préservation.

 

Votre film se déroule dans un milieu assez conservateur où la liberté de la femme est difficilement acceptable ?

 

Mais ça, c’est partout dans le monde, et je ne pense pas que ça soit juste les peuls qui agissent comme ça avec les femmes. On peut voir aujourd’hui, même en occident, des femmes qui crient et qui recherchent leur liberté. C’est pourquoi c’était un film que je voulais universel, c’est-à-dire qui parle aux Africains et aux africaines, mais aussi à tout le monde.

Mais cette histoire d’amour qui se déroule entre Banel et Adama est assez particulière. A un moment, Banel est considérée comme une folle. Pourquoi avoir scénarisé cette folie dans le film ?

 

C’était très important pour moi de traiter la folie, on va dire l’obsession que Banel a pour sa quête de liberté, de féminité. Et comme la communauté est à l’encontre de sa quête, elle devient folle. Je pense que c’est un thème que je voulais traiter parce que je me suis inspirée beaucoup des tragédies que j’ai étudiées quand j’étais jeune. Donc, c’est vraiment la folie, on va dire une forme d’amour que je voulais traiter.

 

Parce que vous considérez que dans la société peule, il y a souvent des histoires comme ça que la folie n’est pas prise en charge ?

 

Non pas du tout. Moi je dis toujours qu’il faut faire attention. Ce film-là, c’est une fiction, ce n’est pas un document tout est sorti de ma tête. On me demande souvent si c’est inspiré des peuls et des femmes peules, je dis non. Parce que moi j’ai grandi en France, cette histoire je l’ai écrite en France, je ne me fais pas la moralisatrice des peuls ou la défenseuse des peuls. Tout ce que je veux, c’était juste raconter une histoire comme une griotte, comme une conteuse.

Vous êtes francosénégalaise qui a été éduquée avec la culture peule à la maison mais qui est confrontée avec d’autres façon de faire, de voir, en contradiction avec ce que vous apprenez à la maison…

 

Oui, bien sûr, et c’était un peu dur quand j’étais jeune, ce clash de double cultures. Je suis née en France et à la maison, on était élevés dans la culture et tradition peules. On devait porter des pagnes, on parlait peul, on n’avait toute cette tradition qui nous suivait. Et à l’extérieur, à l’école, on nous apprenait différemment, mais je pense qu’on a pu garder les pieds sur terre. Parce que nos parents nous ont expliqués que c’était important de garder nos traditions tout en restant française en même temps ?

Votre film arrive dans un contexte assez particulier en France où il y a beaucoup de problème d’intégration, l’immigration clandestine. Comment se film peut rapprocher ces situations ?

Moi, tout ce que je voulais, ce n’était pas un film naturaliste. Je ne voulais vraiment pas parler de la migration, de la misère de l’Afrique. Je voulais donner un autre regard sur l’Afrique, un regard positif, mettre de belles images sur l’Afrique, même si c’est une histoire d’amour. Donc, c’est une tragédie, c’est triste, c’est de la fiction, c’est une histoire, je voulais apporter une belle vision de l’Afrique. Et de montrer qu’en Afrique on était capables de raconter autre chose que sa misère et ses problèmes.

Est-ce que c’est justement cette façon de faire qui a fait qu’il a de l’intérêt par rapport au festival de Cannes et d’autres ?

Peut-être, je pense que l’intérêt vient de la différence et que j’ai fait une nouvelle proposition. Il y a quelques années, je cherchais des histoires d’amour au Sénégal dans le cinéma et je n’en trouvais pas. Tout ce que j’ai retrouvé de films intéressants, ce sont des histoires de pirogue, de migration clandestine, des histoires de pauvreté, etc. Je pense qu’on peut montrer en Afrique qu’on est capables de faire autre chose, s’ouvrir sur autre chose, d’être artistique, créatif et d’écrire des histoires universelles comme tout le monde. C’est pourquoi j’ai fait mon premier en Afrique pour rendre hommage au Sénégal, à mes parents, qu’ils aillent au cinéma voir un film peul (… ). Le choix de la langue peul parce qu’il n’y a pas une grande visibilité dans le domaine cinématographique internationale. Car ce n’est pas seulement une langue sénégalaise, le peul est parlé un peu partout, au Nigeria, au Cameroun, en Mauritanie, au Burkina-Faso.

Tract 

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