Révolution soudanaise : les islamistes redoutent une suppression de la Charia

Le Soudan se prépare à une grève générale. Face au blocage du dialogue avec les militaires, les leaders de la révolte civile ont annoncé deux jours de débrayage mardi et mercredi 29 mai. Toutefois, la société soudanaise se divise au sujet des idéaux de la révolution. Les islamistes soudanais estiment que la religion n’est pas assez au centre du jeu et craignent une disparition de la charia, la loi islamique, en partie appliquée sous Omar el-Béchir.

C’était une démonstration de force, vendredi soir, à Khartoum. Plusieurs centaines d’islamistes se sont rassemblés avenue du Palais pour une prière de rue et un meeting. Ils veulent montrer leur méfiance à l’égard des chefs de la révolution.

« On est contre la coalition, car elle ne veut plus que la charia soit la source de nos lois. La révolution a dévié de sa route. Nous sommes là pour la remettre dans le droit chemin. La coalition veut faire du Soudan un pays laïc. Or, on a toujours été régulés par l’islam et ce sera toujours comme ça », estime Dabaallah Barradine, 28 ans.

Sous Omar el-Béchir, les châtiments corporels, notamment lapidation et flagellation étaient parfois pratiquées. Pour autant, selon Malek Abbas, l’ancien dictateur n’allait pas assez loin.

« Béchir n’en a utilisé qu’une partie. Nous, on souhaite une application totale de la charia. C’est ce que les Soudanais veulent », affirme-t-il.

Les généraux ont d’abord déclaré vouloir le maintien de la charia mais, depuis, plusieurs officiers réputés proches des extrémistes ont été écartés. Mohamed Ibrahim, professeur venu prier avec les islamistes, craint une laïcisation de la révolution.

« Les meneurs sont contre l’islam. Ce sont des partis de gauche et des libéraux. Ils influencent forcément l’esprit des protestataires. L’islam contient des décisions célestes qui ne sont pas faites par des humains et, donc, ces règles doivent l’emporter sur toutes les autres », estime, de son côté, Mohamed Ibrahim, professeur au Centre des études stratégiques de Khartoum.

Rassemblés à quelques rues du sit-in, le cœur de la révolution, les islamistes montrent qu’il faudra compter sur eux pour dessiner le Soudan de demain.