[Tribune] A propos de l’ouvrage de Cheikh Yérim Seck: «Macky Sall face à l’Histoire…» (Par Momar-Sokhna DIOP)

Momar-Sokhna Diop

Tract – Je viens de lire l’intégralité du livre de Cheikh Yérim Seck. Il s’agit d’un ouvrage de 260 pages composées de 22 chapitres. Comme l’auteur le dit lui-même, cet ouvrage « passe sous scanner le pouvoir de Macky Sall, élu à la tête du Sénégal en mars 2012, sous la promesse d’engager son pays sur la voie de la prospérité ». 

 

Dès le départ, l’auteur met l’accent sur l’entrée par effraction de Macky Sall dans l’histoire politique du Sénégal. Il a été élu au moment où personne ne s’y attendait.

Cheikh Yérim Seck met également le doigt sur la calamiteuse gouvernance d’État renforcée par Macky Sall depuis 2012 date à laquelle il avait accédé à la présidence de la République.

Selon les propos de Cheikh Yérim, en onze années de règne, Macky Sall continue d’entériner les gaspillages et les pillages organisés que les sénégalais avaient tant décriés sous la présidence d’Abdoulaye Wade.

Aujourd’hui, l’État sénégalais continue d’être une simple façade où des délinquants s’appuient pour piller les ressources du pays. L’auteur le dénonce sans retenue et démontre que tous les secteurs sont affectés et en particulier celui de l’énergie, des produits halieutiques, de l’exploitation du fer, de l’or, de l’administration d’État durant les périodes du COVID…

Il insiste aussi sur le rôle majeur que joue l’épouse du Président. Selon Cheikh Yérim, Mme Marième Faye disposerait d’énormes pouvoirs. Elle nomme des ministres, des Directeurs généraux… et se permet même d’écarter toute personne qui ne lui conviendrait pas autour de son mari. Elle apparait comme étant une interventionniste très critiquée au Sénégal, pays hostile à l’immixtion de la famille présidentielle dans la gestion des affaires publiques.

Cheikh Yérim Seck poursuit et essaye de lister des réalisations du régime notamment dans les secteurs des infrastructures ; mais à quel prix comme il le dit lui-même.

Aussi, l’auteur démontre comment Macky Sall a mis en place une machine de destruction de l’opposition qu’il a toujours juré de « réduire à sa simple expression ». Les cas Khalifa Sall et Karim Wade sont deux exemples assez bien expliqués dans l’ouvrage.

Il aborde étagement le cas Ousmane Sonko et ne s’est pas épargné de provoquer voire d’accuser les Pastéfiens militants du parti dirigé par Ousmane Sonko, d’extrémistes. Il les accuse d’avoir introduit dans le jeu politique sénégalais l’irrévérence, l’invective, l’insulte voire la violence.

Il a même poussé le bouchon plus loin lorsqu’il entre dans la vie privée d’Ousmane Sonko et évoque dans le 16ème chapitre les problèmes de mœurs que l’État semble vouloir utiliser pour le salir ou l’empêcher d’être candidat à l’élection présidentielle de 2024.

Dans cet ouvrage Cheikh Yérim Seck n’a pas oublié de faire l’éloge de quelques personnalités comme Aminata Mimi Touré mais surtout Amadou Ba candidat potentiel qu’il qualifie de compétent. Compétent à quoi surtout lorsqu’on est entièrement comptable du bilan de Macky Sall qu’il vient de critiquer très sévèrement ?

Enfin l’auteur conclut par le fait que Macky Sall ne léguera pas à son successeur un pays émergent, doté d’une autonomie énergétique et alimentaire. Il ne léguera pas non plus au sénégalais un pays doté d’industries dignes de ce nom, un pays débarrassé de la pauvreté et de la dépendance vis-à-vis de l’étranger. Il léguera au sénégalais un pays extraverti et en danger.   C’est l’une des raisons pour lesquelles, il l’invite, nous l’invitons à quitter religieusement le pouvoir dans le respect des règles d’alternance instaurée par la constitution.

Cheikh Yérim est conscient que cela ne sera pas simple car Macky Sall et son pouvoir sont prêts à mettre leur vie dans le dossier Ousmane Sonko /Adji Sarr. Ils vont prendre tous les risques pour faire tomber Ousmane Sonko qui est le seul et le dernier obstacle à leur projet de confiscation du pouvoir. Ousmane Sonko constituerait la plus sérieuse menace contre la dynastie Faye-Sall s’il succède à Macky Sall.

Toutefois, l’auteur avoue qu’Ousmane Sonko jettera aussi toutes ses forces et ses troupes pour ne pas être immolé socialement et politiquement par une condamnation pour viol.

Donc si je porte la casquette d’un lecteur ordinaire, je dirai qu’il s’agit d’un livre assez bien écrit, avec un français accessible, simple, un style séduisant à l’image de l’auteur qui semble être un séducteur. Les informations qui figurent dans cet ouvrage sont sans doute utiles à des lecteurs même si la majorité est connue du grand public.

Sur le plan idéologique, je laisse les Sénégalais se faire leur propre opinion qui pourrait ne pas correspondre à la mienne que j’ai toujours exprimée à travers mes écrits et mes sorties.

Donc un livre comme un autre. Et comme le dit Amady-Ali Dieng, c’est toujours bien d’écrire car même si on écrit des bêtises, un lecteur y trouvera un mot, une phrase… utile.

Momar-Sokhna DIOP

Professeur d’économie-Gestion,

Auteur de plusieurs ouvrages dont  « Quelles alternatives pour l’Afrique, Sénégal diagnostic d’un pays candidat à l’émergence aux Éditions l’Harmattan ».