[Tribune] Iran : Sous le règne des mollahs, les médias sont un outil de répression (Par Hamid Enayat)

SENtract – Nous vivons à l’ère de l’information. Le point crucial dans les sociétés avancées d’aujourd’hui est la question de savoir comment réaliser une politique d’information saine dans ce contexte. Car le progrès passe aussi par le développement d’un système d’information et de sensibilisation approprié. 

 

Mais la mission des médias du régime iranien en Iran comme à l’étranger est tout autre chose. Le régime iranien utilise les médias uniquement comme un outil pour renforcer la répression. La politique sécuritaire et policière des mollahs sur les médias n’a d’autre but que d’instaurer un système médiéval. Il n’est pas exagéré de dire qu’il n’y a pas de manifestation ou de protestation en Iran où les gens ne scandent pas « Notre honte, c’est notre radiotélévision » (d’État).

Dans un discours, l’ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique d’Iran, avait déclaré : « Si la radiotélévision, qui est l’appareil le plus sensible du pays, veut être contre la charia (…) et si ce système n’est pas sur la voie de l’islam [lire : Khomeiny], le danger est plus grand que, par exemple, un ministère qui ne serait pas sur la voie de l’islam (…) Oui, nous sommes réactionnaires et vous, les intellectuels, vous ne voulez pas que nous ne revenions 1400 ans en arrière ».

Press TV est l’une des institutions que le régime iranien utilise contre son opposition à l’étranger. En diabolisant les Moudjahidine du peuple, l’OMPI/MEK, son ennemi juré à l’intérieur de l’Iran, durant ces quarante dernières années, cette chaine de télévision a cherché à empêcher l’opinion publique occidentale de connaitre et comprendre les faits concernant ses opposants. Le but est de convaincre qu’il n’existe pas d’alternative et qu’il faut donc faire avec la tyrannie religieuse. Bien entendu, cette diabolisation s’inscrit en faveur de la politique de complaisance. Or, des dizaines de milliers de membres de cette organisation ont été exécutés ou massacrés par le régime iranien, en toute impunité.

Récemment, une série de documents concernant Press TV (la chaîne de télévision en langue anglaise du régime iranien diffusée l’étranger), ayant fuité du radiotélédiffuseur d’État en Iran, révèle que Press TV est un outil de diabolisation de l’OMPI/MEK. 

Pièce n° 1 

Dans l’un de ces documents, Ahmad Norouzi, qui a le titre de « rédacteur adjoint du contenu du réseau de presse », écrit dans une lettre à Peyman Jebeli, alors « directeur adjoint des bureaux extraterritoriaux de l’Organisation de la radiotélévision », le 3 juillet 2021 : « Suite à la réunion de la semaine dernière avec le ministère des Affaires étrangères et le centre des droits de l’homme du pouvoir judiciaire, lesdites entités ont demandé l’accès au contenu préparé par le ministère des Affaires étrangères concernant l’Organisation des Monafeqine [terme péjoratif utilisé par le régime pour désigner l’OMPI/MEK]. En supposant votre approbation, veuillez instruire le bureau de mettre à la disposition des deux entités le contenu produit là-bas, y compris les documentaires, les programmes et les clips d’information. »

Comment un mouvement dont les membres ont été massacrés et diabolisés pendant quarante ans et dont on a annoncé à maintes reprises la disparition, réussissent à influer autant la rue iranienne ?

Il est vrai que les dictateurs peuvent tenir longtemps par le recours à la force brute. Mais la présence effective d’une force de résistance organisée et mobilisée, donne de sérieuses raisons au guide suprême Ali Khamenei de s’inquiéter pour l’avenir de son régime.

Les unités de résistance de l’OMPI gagnent du terrain

Malgré les nombreuses arrestations, les unités de résistance de l’OMPI gagnent du terrain à travers l’Iran. Ce sont des Iraniens de tout âge, structurés en petits groupes de militants qui mènent des activités clandestines. Cela va du taggage des murs avec des slogans contre le pouvoir et favorables à la Résistance, à la destruction des symboles du régime, des affiches de propagande, des centres de la milice du Bassidj et des gardiens de la révolution, ou des séminaires religieux obscurantistes qui sont des centres de recrutement et de formation de terroristes et d’extrémistes.

L’objectif des unités de résistance est de briser le climat de terreur et de montrer qu’on peut tenir tête à la tyrannie. En même temps, ces actes de résistance permettent aux militants de s’organiser et de se préparer dans la perspective du soulèvement pour le renversement de la dictature. 

Hamid Eneyat