[Tribune] Les limites de la résilience comme déclencheurs de soulèvements populaires (Par Caroline Meva)

Tract – Le système matérialiste ultra-libéral auquel est soumis une grande partie du monde aujourd’hui, notamment l’Afrique à travers la Françafrique, est semblable à un état de nature dans lequel la raison semble être mise à l’éteignoir.

 

Dans cet état de nature mondial, les individus, les États, les nations, les institutions expriment de manière outrancière et décomplexée leurs instincts bestiaux les plus bas : brutalités, cruauté, abus multiformes, individualisme forcené, cupidité éhontée, traitements inhumains et dégradants infligés aux prochains, et autres oppressions. Le système mondial ultra-libéral est un système de domination sauvage et inégalitaire, dans lequel 10 % de privilégiés puissants s’accaparent abusivement de 90 % des richesses, réduisant le reste du monde à l’assujettissement et à la misère, tant au niveau inter- étatique qu’internationnal. Toutefois, ce système de prédation contient en lui-même les germes de sa destruction, laquelle repose sur le degré de résilience des individus et des peuples opprimés.

La durée et la solidité d’un système matérialiste ultra-libéral injuste et inhumain sont fondées sur le degré de résilience des victimes opprimées, exploitées, pillées, paupérisées, affamées et humiliées. La résilience est la capacité, pour un individu, un Etat, une nation, une institution, à supporter les chocs traumatiques et autres situations critiques. Les difficultés rencontrées découlent des rapports de force et de l’affrontement permanent entre les intérêts divergents des uns et des autres. Les abus, agressions et autres traitements  inhumains et dégradants infligés ne sont pas supportés indéfiniment par les victimes. Il arrive toujours un moment où lesdites victimes se retrouvent dos au mur, acculées dans leurs derniers retranchements, avec comme seule alternative ; soit affronter la difficulté pour sauver leur vie ou sauvegarder leurs intérêts, leur honneur, leur dignité ; soit ne pas réagir, se résigner et prendre le risque d’être vaincu, anéanti et de tout perdre.

En général, par instinct de survie, par un dernier sursaut d’amour propre, un baroud d’honneur, la victime choisit de faire face, d’affronter la difficulté dans une posture où la peur d’être vaincu ou de tout perdre passe au second plan. Le ras-le-bol face à l’insupportable, à l’inacceptable intervient alors comme la goutte d’eau qui fait deborder le vase déjà plein à ras bord de la résilience. A ce moment-là, la réaction de la victime est souvent radicale, ravageuse, disproportionnée et mène au chaos et à la destruction.  Force est de constater que la violence exercée appelle automatiquement une violence défensive en réaction. Comme disent les adages populaires, qui sème le vent, récolte la tempête ; qui tue par l’épée, périra par l’épée ; à force de tirer sur la corde, un jour elle finit par se casser. Pour éviter ce sinistre scénario, la solution passe par la réinstauration des équilibres et de la justice sociale par une répartition équitable des ressources et des fruits de la croissance, des conditions de vie décentes pour tous, de la bonne gouvernance, du respect des droits humains, le respect des libertés individuelles, la garantie de la paix, de la sécurité des biens et des personnes, un minimum de considération pour les intérêts des plus faibles et des plus pauvres.

Caroline Meva

Ecrivaine