[Tribune] L’ORDRE MONDIAL A L’EPREUVE DE L’EMI-IMMIGRATION CLANDESTINE ET DE LA PANDEMIE DE LA COVID-19 (Par Caroline Meva)

SENtract – Dans l’organisation géostratégique et géopolitique du monde aujourd’hui, dominée par la mondialisation et la globalisation, la notion d’Etat semble diluée et tend à disparaître. Hormis la division du monde en blocs idéologiques, politiques, économiques, communautaires, de l’Est, de l’Ouest, du Nord ou du Sud, une nouvelle démarcation prend de l’ampleur ; il s’agit de la coalition de groupes d’intérêts essentiellement hégémoniques et économiques, toutes idéologies confondues.

Les notions de « pays riches » et « pays pauvres » tendent à s’effacer devant ce nouveau type de différenciation, qui présente d’un côté les puissants, les riches, les privilégiés issus de tous les pays du monde, et de l’autre, les  masses populaires paupérisées et laissées-pour-compte, que l’on trouve également dans tous les pays, y compris ceux dits riches et puissants. Cette démarcation est d’autant plus accentuée que les groupes pivilégiés présentent une plate-forme commune à travers leur solidarité d’intérêts, ou affichent le même modus opérandi dans leurs décisions et leurs actions face au reste du monde. La gestion géostratégique et géopolitique du monde devient, de ce fait, transnationale. La pandémie de la covid-19 et le phénomène de l’émi-immigration clandestine sont des exemples patents de cette nouvelle donne.    

LE GOUVERNEMENT TRANSNATIONAL

Le monde aujourd’hui est gouverné par un groupe de personnes et de structures, avec à leur tête des chefs d’Etats des grandes puissances mondiales ; des tenants des grandes fortunes ; des institutions politiques, sociales, militaires, économiques, notamment de la finance internationale ; des ONG et divers groupes de pression ; des industries pharmaceutiques et autres sociétés multinationales. Ces instances planétaires sont assistées par les dirigeants des Etats périphériques et leurs élites, cooptés à travers le monde. Ce gouvernement transnational, numériquement minoritaire (environ 10 % de la population mondiale), concentre entre ses mains la quasi totalité des ressources de la planète, décide de tout et impose sa volonté au reste du monde. Face au gouvernement mondial et à ses associés,  il y a les masses populaires de tous les pays du monde, y compris de ceux dits riches et puissants, qui représentent plus de 90 % des habitants de la terre. Ces masses populaires dominées, exploitées et paupérisées se partagent la part congrue des ressources restantes. Cette répartition des richesses, qui est la conséquence directe du système oppressif et inégalitaire imposé par le gouvernement mondial constitue, à elle seule déjà, une atteinte grave à la condition humaine, une source de violences multiformes et de dysfonctionnements à travers le monde. Le système néo-libéral adopté par l’ordre mondial est particulièrement pointé du doigt à cet effet.

  LE SYSTEME NEO-LIBERAL, L’EXALTATION DU MATERIEL ET LE RECUL DE LA CONDITION HUMAINE

Le système de gestion économique, sociale et politique dominant, prôné et imposé par l’ordre mondial repose sur le néo-libéralisme sauvage, un système qui fait la part belle au matériel dans toutes ses déclinaisons, et pour lequel l’accumulation des richesses et le profit à tous les prix sont des objectifs majeurs. Dans un tel système, l’homme n’est plus considéré comme un être de valeurs, une fin, mais plutôt comme un vulgaire objet, une marchandise, un moyen de s’enrichir. Ce système déshumanisant et avilissant a pour conséquence de priver les pays économiquement faibles et leurs populations de leurs moyens de subsistance, au profit des tenants de l’ordre mondial et de leurs associés. les populations des pays du Sud, notamment africaines, sont les premières à faire les frais de ce système injuste. Ces dernières, asphyxiées, désespérés, fuyant l’insécurité, les guerres, les catastrophes climatiques, tyranisées par des dirigeants aux ordres et au service de l’ordre mondial, se voient contraints de se lancer massivement sur les chemins de l’émigration régulière ou clandestine, au péril de leur vie. Ces hordes de migrants de plus en plus importantes convergent vers l’Amerique du Nord et l’Europe, pour y chercher ce qui leur est enlevé, refusé ou interdit dans leur pays d’origine. Force est de constater que, tant que le gouvernement mondial maintiendra ce système inégalitaire et oppressif, tant qu’il s’attaquera aux conséquences, plutôt qu’aux origines réelles du phénomène, nonobstant les mesures de fermeture et de refoulement des migrants au-delà de leurs frontières, la pression migratoire vers l’Europe et l’Amérique du Nord ira croissant.

La gestion de la covid-19 est la forme la plus achevée de la mondialisation et de la globalisation, elle a révélé au grand jour la solidarité des institutions et des décideurs. Dans sa gestion de la pandémie de la covid-19, l’ordre mondial a franchi un nouveau cap dans l’exploitation et la caporalisation des populations à travers le pass sanitaire et l’obligation vaccinale. Les ordres sont donnés par les dirigeants du  gouvernement mondial, répercutés et exécutés fidèlement par leurs associés de la périphérie, sans hésitation ni murmures comme l’instruit la discipline militaire. Tous doivent se plier à ce qui ressemble à s’y méprendre à un diktat vaccinal. Les principes et valeurs qui fondaient et encadraient la société il n’y a pas longtemps encore, tels que la liberté, la paix, l’égalité, la démocratie, le respect de la vie et des droits humains, sont désormais balayés d’un revers de main, foulés aux pieds par les décisions toutes puissantes du gouvernement mondial. L’on assiste ainsi à un véritable recul de la condition humaine : pour faire adhérer les individus à leur volonté, la pédagogie, la persuasion, le bon sens et la raison ont cédé le pas à la ruse, aux menaces et à la coercision. Un humain privé de ses libertés fondamentales déchoit au rang de prisonnier, d’esclave, d’animal ou de robot. En toile de fonds on relève, d’un côté l’enrichissement outrancier d’individus, de firmes pharmaceutiques, d’institutions financières et commerciales internationales affiliés à l’ordre mondial, et de l’autre l’appauvrissement des Etats assujettis et consommateurs de la périphérie, déjà exangues, et qui se répercute sur leurs populations. Il y a lieu de noter, pour le déplorer, que l’addiction pour le pouvoir et le matériel devient vite un réflexe obsessionnel ravageur et néfaste, qui ne connais pas de limites : on n’en a jamais assez, et on en veut toujours plus. Le désir de puissance et de possession matérielle restent par définition inassouvibles, tout comme un tonneau de Danaïbe qui ne se remplit jamais, avec comme corollaire les abus, les dysfonctionnements, les transgressions, les perversions, ainsi que d’autres tares et travers.

Cependant, ce processus de spoliation et de domination des populations est semé d’embuches et constitue une sérieuse menace pour la stabilité, voire la survie même de l’ordre mondial. Les populations semblent de moins en moins enclines à supporter ce qui s’apparente à un chantage au vaccin, pour accéder à ce qu’ils ont de plus indispensable dans leur vie : l’emploi, les loisirs, la liberté de choix sanitaire, celle d’aller et de venir. Les réactions contre les rigueurs imposées par la gestion de la pandémie de la covid-19 ne se sont pas fait attendre, notamment par des manifestations parfois violentes des anti-pass sanitaires à travers le monde, en France, en Allemage, en Grande-Bretagne, en Martinique, en Guadeloupe, etc. L’on présume que, plus la contrainte exercée sur les populations sera forte, plus leur réaction de rejet sera violente. Compte tenu de la détermination de l’ordre mondial à faire appliquer l’obligation vaccinale malgré les résultats mitigés obtenus jusqu’ici et l’inefficacité avérée des vaccins actuels contre les variants Delta, Omicron, et probablement sur les futurs variants, on semble s’acheminer vers  le ras-le-bol, la radicalisation des populations, et une crise de confiance vis-à-vis de leurs dirigeants. Une période de contestations et de confits sociaux susceptibles de faire basculer l’ordre établi par le gouvernement mondial semble poindre à l’horizon.

 

Caroline Meva

Ecrivaine