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[TRIBUNE] Quand Tract tapait sur Pierre Goudiaby Atepa, ‘l’escroc de Macky Sall’ (article d’août 2018)

Publié le

Tract, texte publié pour la première fois chez Tract le 18 août 2018 et que nous republions après que Macky Sall ait traité Pierre Goudiaby Atepa d’escroc. Atepa qui a réussi la prouesse d’être dans les petits papiers de tous les 4 chefs d’État qu’a connu le Sénégal, de Senghor à Macky. Atepa dont nous dénoncions dans cette tribune la morgue et le mépris de classe, alors qu’il avait annoncé de présenter à la présidentielle de 2019. Pierrot le Fou? Fierot le pou!

Voici l’article :

Atepa est un être supérieur. C’est là la substance du message qu’il a voulu faire passer à ses compatriotes sénégalais, qu’il considère d’ailleurs plus cons que patriotes, dans sa conférence de presse au Radisson Blu, ce vendredi fatidique pour nous. Le Radisson Blu, cadre luxueux de cet habitué des palaces internationaux, était d’ailleurs l’écrin minimal qui pouvait accueillir dignement son stand-up. Atepa, 71 ans, au crépuscule donc de sa carrière d’artiste du business, se sera livré à ce qu’il sait faire de mieux : le one-man-show.

Pierre Goudiaby aura raconté la météorique trajectoire qui fait que lui, l’enfant de Baïla produit de la méritocratie républicaine qui sera monté par l’ascenseur social (quoique bien aidé par son oncle politicien et maire de Ziguinchor Emile Badiane) mais Atepa qui aura tiré l’échelle sous lui une fois parvenu aux sommets, aura non pas « servi » (car servir serait trop péjoratif pour lui, n’est-ce pas), mais « conseillé » tous les Présidents sénégalais successifs. Présidents sénégalais qui lui auront en plus confié des marchés de l’Etat.

Enfilant les anecdotes comme des perles, Pierrot-le–fou-de-lui-même (ou Fierrot le Pou ?) racontera un de ses entretiens avec le Président Senghor où il se sera rendu sans avoir rendez-vous au préalable, « alors qu’il était tout jeune », et au terme duquel il lui aura fait renvoyer du pays l’architecte français Bonnamy, qui « faisait la pluie et le beau temps » et qui aura empoché indument 4 millions de dollars de l’Etat sénégalais pour des études payées avant d’être faites. Ce faisant, Atepa n’aura pas manqué d’imiter la diction et le timbre de voix de Léopold Sédar Senghor, en homme de théâtre qui croit que le monde entier est sa scène.

Comme lorsqu’il est la table des chefs d’État africains et leur récite des fables de La Fontaine, intonations théâtrales et gestuelle à l’appui. Atepa aime à se croire le grand ordonnateur des choses qui lui arrivent. Le Président Abdou Diouf est « son grand frère ». Abdoulaye Wade, il en a été « le ministre conseiller ». Il rappellera aussi qu’il est allé voir Macky Sall, « son client », pour l’informer qu’il se lançait dans la course à la présidentielle et le « rassurer » que les deux marchés qu’il lui a confiés n’en souffriront pas. Les deux marchés en question sont le parc industriel de Diamniadio (projet dont le vieil artiste Atepa avait momentanément oublié le nom exact, lors de sa conférence de presse, cherchant ses mots et se demandant à haute voix « comment ça s’appelle encore ? ») et l’autre projet est la construction de l’institut des métiers du pétrole et du gaz.

Notre Pierrot national, qui dénonce à longueur d’année la saleté qui a envahi notre capitale, le pense tellement fort qu’on l’entend tout haut : ce sont les Baol-Baol, Saloum-Saloum et autres broussards qui ont ensauvagé Dakar. Quand Atepa pourfende la construction d’hôtels et de domiciles privés sur la façade maritime, lui dont la demeure fait face aux vents de l’Atlantique sur la corniche de Fann, c’est surtout pour s’insurger contre ces Libanais olivâtres âpres au gain facile et contre ces parvenus de l’informel venus des nouvelles classes bourgeoises sénégalaises, qui osent venir empiéter sur ses plates-bandes de prince autoproclamé.

Lorsque Atepa dans sa conférence de presse nous dit « quand il y a un Noir à une station extraordinaire quelque part dans le monde, c’est bien souvent un Sénégalais », le Noir extraordinaire auquel il pense, c’est bien à lui-même, avec ses bureaux à Dubai, New-York, Moscou et Pékin. « Personne n’a le carnet d’adresses international que j’ai, c’est pourquoi j’ai décidé de me présenter à la présidentielle». L’élection est donc à ses yeux le concours du Sénégalais le plus entremetteur, oublieux qu’il est qu’il suffit de devenir Président pour avoir tous les réseaux du monde à sa disposition. Atepa croit dans la force de son bagout, qu’il a immense, pour convaincre les Sénégalais de l’élire.

Atepa, qui ne parle le wolof et accessoirement le Diola que pour s’adresser au personnel subalterne, a bien consenti à aller voir le Khalife général des Mourides pour l’informer de sa décision présidentielle, tout encostusmé et encravaté dans la canicule de Touba, comme un Gouverneur colonial allant rendre visite au guide moral du gros des troupes indigènes. Il s’en sera arrêté là, n’ayant que faire de Tivaouane, Médina Baye et autres Ndiassane.

Si Atepa est élu Président, « il fera un seul mandat et renoncera à son salaire de chef d’Etat », émoluments dont il n’a que faire car il ne manquerait plus qu’il dépende des impôts des Sénégalais pour vivre. Pierre Goudiaby Atepa, c’est la morgue et le mépris de classe dans toute sa splendeur, qui se sont invités à compter de ce vendredi dans la course vers le palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor. Il nous faudra le supporter. Au pire jusqu’au 24 février 2019. Au lendemain de l’élection, son ego étant satisfait d’avoir failli être Président du Sénégal, Pierrot pourra retourner à ses combats de dandy donquichottesque.

Damel Mor Seck, éditorialiste chez Tract (tract.sn)

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