[Tribune] Rapt, séquestration de policiers : Quand les étudiants jouent avec le feu (par Daouda Gbaya)

SENtract – Les étudiants des universités publiques s’adonnent à une pratique dangereuse. Leur nouvelle stratégie de combat contre les forces de l’ordre a changé depuis quelques temps.

 

Les étudiants ne se limitent plus seulement à lancer des pierres, mais ils procèdent maintenant à des rapts et séquestrations d’éléments de la police à l’intérieur du campus universitaire. C’est ce qui s’est passé aujourd’hui à l’Université Gaston Berger de Saint Louis où un policier en civil a été capturé et séquestré par des étudiants qui ont manifesté pour « soutenir » leurs camarades de l’Université Alioune Diop de Bambey.

Sur les ondes de la RFM, un membre de l’amicale des étudiants explique que ce policier les avait « infiltrés » en prenant des images de la manifestation. Et au moment où nous écrivons ces lignes (mercredi, ndlr), l’otage n’est pas libéré. Une semaine avant, deux policiers en civil ont été capturés et séquestrés par des étudiants de l’Université Aliou Diop de Bambey. Cela fait suite à l’arrestation d’une dizaine d’étudiants par les forces de l’ordre. Les deux policiers ont dû être libérés grâce à un échange de « prisonniers ».

Cette situations pose un réel problème de respect de nos forces de sécurité par les citoyens. En banalisant les prises d’otage de ceux qui sont chargés de veiller sur notre sécurité, les étudiants contribuent à la désacralisation de l’armée. Ce qui serait grave de conséquence.

Dans un Etat normal, seules les forces ont le monopole de la violence. Quelles que soient les raisons de leur colère, les étudiants ne doivent pas verser dans des actions qui pourraient être fatales. Car, séquestrer un policier, même en civil, pourrait amener le commandement à lancer une intervention musclée dans le campus pour libérer le « colis ».

D’ailleurs, on a vu le leader de PASTEF, Ousmane Sonko proférer des menaces à l’endroit des renseignements généraux dont un des leurs avait été « capturé » par sa garde rapprochée à côté de chez lui. Cela est d’autant plus inquiétant que ça crée une effet d’entraînement. Après l’UADB, et l’UGB, ce sera certainement au tour de l’UCAD de tenter le même modis operandi.

Indépendamment des mouvements d’humeur dans les campus, les étudiants doivent savoir que c’est dans l’ordre normal des choses que la police infiltre des manifestations (politiques, syndicales…). Cela fait partie de leur rôle préventif. Ce qui se fait dans tous les pays du monde.

En revanche, la police doit aussi changer de stratégie dans sa technique d’infiltration car, le fait que ses éléments soient facilement identifiables peut les exposer à des risques. Lorsque l’anarchie s’installe dans un pays, l’État fout le camp.

Daouda Gbaya (Guestuinfo)