«Woman no cry» à Conakry: Amnesty réclame une loi sur les violences sexuelles en Guinée

SENtract – Amnesty International a réclamé mardi une meilleure prise en charge des victimes de viols en Guinée, notamment juridique avec l’adoption « en urgence d’une loi générale sur les violences basées sur le genre », dans un rapport sur les violences sexuelles dans ce pays.

 

La sortie du rapport coïncide, – fait noter l’AFP, auteur de cette relation – avec l’ouverture mercredi du procès de l’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara et de dix autres anciens responsables militaires et gouvernementaux, pour le massacre dit du 28 septembre 2009.

Ce jour-là et les suivants, 156 personnes ont été tuées, des milliers blessées et au moins 109 femmes ont été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. « Le fait que les victimes du massacre aient dû attendre 13 ans pour espérer obtenir justice et réparation a constitué un puissant symbole d’impunité », déplore l’ONG dans un communiqué.

Photo : Tommy Trenchard

Son rapport intitulé « La honte doit changer de camp », mené avec le bureau régional Afrique de la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPFAR), analyse « les nombreux obstacles à une prise en charge médicale effective pour les victimes de viol, à des examens médicolégaux, à un soutien psychologique et à l’accès à la justice en Guinée ». Amnesty appelle notamment les autorités à « réviser la définition du viol dans le droit guinéen afin que celle-ci soit basée sur l’absence de consentement -et non sur l’utilisation +de la violence, de la contrainte ou de la surprise+-, conformément au droit et standards internationaux ».

L’ONG leur demande également d’« accélérer la mise en place effective de l’Observatoire national de lutte contre les violences basées sur le genre et de lui donner les ressources et financements adéquats pour remplir sa mission, notamment la collecte et la publication de statistiques nationales fiables » en la matière. Cet Observatoire « se met tout juste en place 10 ans après sa création officielle par arrêté », déplore Amnesty.

En novembre 2021, la mort d’une femme de 25 ans dans une clinique privée après un viol avait choqué le pays et entraîné des manifestations dans plusieurs villes.

En 2015, « l’affaire Tamsir Touré » -membre d’un groupe de rap accusé de viol- avait déjà suscité la colère des organisations de défense des droits des femmes, et poussé les autorités à prendre des engagements en matière de lutte contre les violences sexuelles. « Entre temps les plaintes pour viol recensées par les forces de défense et de sécurité ont augmenté, mais il n’existe toujours pas de données globales permettant d’analyser l’ampleur des crimes commis », note le rapport.