30 hectares de l’aéroport de Dakar « confiés » à la CDC : les expropriés de la Cité Tobago recevront aussi des terrains

Cheikh Ahmed Tidiane Bâ, directeur général de la CDC

En Conseil des ministres ce mercredi, le président sénégalais a décidé de confier une surface importante de l’actuel aéroport militaire Léopold Sédar Senghor (LSS) de Dakar à la Caisse des Dépôts et Consignations, organisme public. L’aéroport LSS a été supplanté, pour ce qui est des vols civils, commerciaux et cargo, en décembre 2017, par l’actuel aéroport international de Diass (région de Thiès, ouest du pays). Le communiqué de Conseil des ministres indique le président Sall a, « dans le cadre du déploiement du programme national de villes vertes intelligentes, instruit le Ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, le Ministre des Finances et du Budget et le Ministre en charge de l’Urbanisme de prendre toutes les dispositions (…) en vue de finaliser (…) la cartographie intégrale des assiettes foncières (…). [Il] a, dans cette dynamique, informé le Conseil, de sa décision de confier l’assiette foncière disponible de 30 hectares à l’Aéroport de Yoff à la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC), afin de renforcer l’aménagement durable et la valorisation équitable de la zone concernée à travers des offres publiques d’aménagement et de vente, répondant aux principes de transparence et de rentabilité pour l’État. »

En d’autres termes, selon l’éclairage fourni après le Conseil des ministres par le ministre des Finances et du Budget Abdoulaye Daouda Diallo Dakar, la CDC est chargée d’opérationnaliser un « appel d’offres » pour la vente de 30 hectares de l’aéroport de Yoff, qui, selon M. Diallo, peuvent lui rapporter « un peu plus de 60 milliards de francs CFA ». L’appel d’offres aura pour objet la « vente de parcelles » d’une partie de l’aéroport à des particuliers et promoteurs immobiliers. Sur le montant escompté de la vente des parcelles, 20 milliards seront affectés au projet de construction de « 100 000 logements sur 5 ans », engagement pris par le président Sall lors de sa prestation de serment, après sa réélection en février 2019. Ainsi que le rappelle l’APS (agence de presse gouvernementale), l’annonce de cette décision intervient alors qu’on assiste au Sénégal à une vive polémique à propos d’acquisitions de terres du littoral dakarois, dénoncées par des militants de la société civile, au motif qu’elles ne devraient faire l’objet d’aucune transaction immobilière. Le ministre Daouda Diallo a également indiqué que 30 autres hectares de l’aéroport LSS vont « servir à régler un certain nombre de problèmes, notamment des contentieux » liés à la terre, suite des « désaffectations [de terrains] mal faites », pour dédommager des propriétaires lésés après avoir acquis des parcelles à usage d’habitation auprès de l’Etat (NDLR : cette information ne figure pas dans le communiqué du Conseil des ministres). Il s’agit notamment des propriétaires de la cité Tobago de Dakar (l’équivalent de 300 parcelles, en bordure de la Voie de Dégagement Nord), dont les maisons et immeubles construits en lisière des pistes d’at​t​errissage de l’aéroport​​, avaient été détruits au bulldozer en juin 2015, pour raisons de sécurité aéroportuaire.

​P​a ailleurs​, la CDC est actionnaire à 100% de la compagnie aérienne nationale Air Sénégal, pour un capital de 40 milliards. L’activité immobilière​ représente un segment important pour la CDC, à travers sa filiale CGIS S.A (Compagnie Générale Immobilière du Sahel. Elle en est actionnaire unique avec un capital de 400 millions de FCFA. La CDC a développé en joint-venture un programme de 5000 logements sociaux à Bambilor (région de Dakar) et a signé, le 19 juin dernier, un programme de financement sous forme de PPP avec le groupe chinois TBEA, coté au Shanghai Stock Exchange et notamment présent dans l’immobilier.

Damel Mor Macoumba Seck

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