A Dakar, bars à gogo: les jeunes de Sicap-Mbao Extension, pour la délocalisation d’une «bacchanale» du coin

Sentract – Les restaurants bars ne cessent d’augmenter dans Dakar et sa banlieue. Plus facile de les trouver, avant, dans les quartiers populaires, les bars sont devenus, de nos jours, présents dans presque tous les coins de Dakar, mêmes dans les quartiers de très faible densité.

C’est dans ce dernier lot cité que se trouve le quartier de Sicap-Mbao Extension où l’ouverture d’un bar commence, selon les riverains, à impacter négativement sur la vie sociale des habitants, provoquant ainsi une organisation des jeunes du quartier qui demandent sa fermeture.

Juste une demi-journée d’immersion dans ce petit quartier dakarois situé sur la route nationale 1, à côté de la LGI (Légion de la Gendarmerie d’Intervention), on peut sentir le roussi en voyant que les jeunes sont sur un pied de guerre pour voir ce bar fermer et se délocaliser le plutôt possible. Hommes, femmes, adultes, jeunes, musulmans et chrétiens, parlent tous la même langue : « Ce bar est une menace pour notre sécurité »

« Notre quartier était comparable à un cimetière avant. Nous vivions dans le calme et la tranquillité. Mais depuis que nous avons noté l’existence d’un bar dans le quartier, nous ne dormons que d’un seul œil. Nous voyons toujours des inconnus très suspicieux roder autour du quartier la nuit. Et à des heures tardives, nous entendons souvent des gens ivres se disputer ou se bagarrer sous nos fenêtres » s’inquiète Gorgui Mbaye, environ dans la soixantaine d’âge.

Et il rajoute : « Juste avant la Tabaski, deux ordinateurs portables et de l’argent ont été volés dans la maison voisine juste à côté de la mienne. Et moi j’habite le quartier depuis 2011, mais c’était la première fois que j’entendais un cas de vol dans le quartier. C’est vrai que l’insécurité est présente partout à Dakar mais la cause de celle que nous vivons n’est autre que ce bar qui est plus qu’indésirable ».

Lui emboitant le pas, Aminata Ly martèle : « Les raisons de notre souhait de voir ce bar être délogé du quartier ne sont pas dues à notre appartenance religieuse. Elles sont basées sur la crainte que nous avons sur l’éducation de nos enfants. Instaurer un bar dans un quartier composé majoritairement de jeunes, c’est comme leur dire « venez boire, venez découvrir comment est l’alcool ». Vraiment, nous sommes tous contre l’instauration de ce bar au milieu du quartier. Et nous avons écho que les jeunes se préparent pour mener des actions dans le but de fermer le bar le plus rapidement possible. Maintenant pour éviter d’éventuels problèmes entre les jeunes du quartier et le propriétaire du bar, nous demandons aux autorités locales d’intervenir rapidement avant que l’inévitable se produise » a averti cette mère de famille.

Interpellée sur la question tantôt évoqué par Aminata Ly sur la mobilisation des jeunes pour fermer le bar, Amadou Gningue confirme :

« Nous les jeunes du quartier sommes réunis à deux reprises pour trouver des solutions et élaborer une démarche responsable et pacifique pour la fermeture de ce bar qui perturbe non seulement la quiétude du quartier mais reste également une menace pour sa sécurité. Sur ce, après deux rencontres, nous avons décidé, dans un premier temps, de procéder pacifiquement en élaborant une démarche inclusive et participative. Nous allons faire une « porte à porte » pour rencontrer les chefs de famille, musulmans comme chrétiens, pour leur sensibiliser sur les conséquences négatives que cette boutique à alcool a et aura sur la sécurité du quartier et sur l’éducation des enfants. Apres cette étape, nous allons rencontrer les notables et sages du quartier, les Imams, les « Badjénous Gox » et le chef de quartier pour leur exposer également les raisons de notre organisation » a dès l’abord souligné cet étudiant en Master 2.

Et le porte-parole de cette organisation Ad hoc poursuit : « Maintenant après ces démarches, nous allons élaborer une pétition que nous allons faire signer aux voisins qui sont pour la fermeture de ce bar. Après la collecte de ces signatures, nous allons déposer la pétition à la Mairie ou aux près des autorités habilitées à trancher sur ce sujet et voir quelle sera les actions posées, avant d’entamer notre Plan B que nous n’allons pas dévoiler pour le moment ». Se voulant être claire, M. Gningue précise : « Nous tenons à rappeler que la cause de cette action que nous allons mener n’est pas d’ordre religieuse, elle est totalement d’ordre sécuritaire et éducative. La preuve, certains parmi nous sont des chrétiens et souhaitent autant que nous, de voir ce bar fermer ses portes le plutôt possible. Maintenant, aux autorités locales de se rappeler que mieux vaut prévenir que guérir et qu’elles ne doivent pas accepter qu’un seul homme semer la panique dans un quartier connu d’avant par son calme et sa tranquillité».

El Hadj Ludovic