Déjà 04 conseillers municipaux marocains qui émigrent par pirogues en Espagne

Tract – Un conseiller municipal de la commune de Nador, au Maroc, a rejoint l’Espagne ce week-end, à bord d’une embarcation de fortune. Ce n’est pas la première fois que des élus de cette province marocaine optent pour l’immigration clandestine, selon le média espagnol El Faro qui a dévoilé l’affaire.

Un conseiller municipal de la commune de Nador, au nord-est du Maroc, a rejoint l’Espagne à bord d’une petite embarcation de fortune, a rapporté le média espagnol El Faro, samedi 20 avril. L’homme, dont le nom n’a pas été dévoilé, a rejoint Grenade, en Andalousie.

Selon El Faro, ce départ a eu un grand impact dans la région. « Il y a de réelles difficultés, mais quand des politiques abandonnent leurs postes, c’est qu’il n’y a pas d’avenir au Maroc », écrit le média. Un avis partagé par Omar el Naji, membre de l’AMDH à Nador (Association marocaine pour les droits de l’Homme), contacté par InfoMigrants. « Le symbole est fort, les gens se disent : ‘Si un élu part, pourquoi, moi, un simple Marocain, je ne partirai pas ?' »

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que des conseillers municipaux de la province de Nador optent pour l’immigration clandestine, affirme El Faro qui cite une autre fuite : celle d’un conseiller municipal de la ville Beni Bouyahyi, de la province d’Al Hoceïma. « C’est vrai, on compte déjà quatre départs d’élus municipaux vers l’Espagne en un an et demi », abonde Omar Naji.

La traversée de la mer d’Alboran en Méditerranée est généralement emprunté par les migrants algériens et marocains. Les candidats prennent la mer à bord de petits bateaux en fibre de verre depuis les côtes du royaume chérifien, direction le sud de l’Espagne.

« 10 000 euros pour une traversée »

Ces derniers temps, les prix de la traversée « ont flambé », indique encore Omar Naji. « J’ai rencontré une mère de famille hier [dimanche 21 avril] qui me disait que son fils était parti de Beni Chiker [près de Nador] pour l’Andalousie, elle n’a plus jamais eu de ses nouvelles. Elle avait payé 10 000 euros pour sa traversée. Elle m’a dit : ‘J’ai perdu mon enfant et tout l’argent que j’avais emprunté. Mon fils ne reviendra pas et je dois maintenant rembourser cette somme' ».

D’après l’ONG Caminando Fronteras, ce chemin, très surveillé par les garde-côtes marocains, « s’est véritablement consolidé en 2022 ». Mais si la distance à parcourir est moindre que sur les autres routes migratoires en Méditerranée, la traversée reste tout aussi dangereuse. Et les naufrages, nombreux.

Outre les citoyens marocains, les Africains subsahariens – qui survivent dans ce pays de transit – sont nombreux à tenter la traversée. Nombre de canots n’atteignent pas le large et sont arrêtés par les autorités. Environ 87 000 migrants ont été interceptés en 2023, selon l’armée marocaine.

Cette année, trois personnes sont mortes et sept sont toujours recherchées après que leur bateau a coulé au large de Motril, dans le sud de l’Espagne, le 22 mars. L’embarcation était partie d’Algérie. Et le 27 février, huit personnes sont décédées dans le naufrage de leur embarcation, un zodiac parti lui aussi de Béni Chiker. Quatre victimes ont été identifiées pour le moment, selon l’AMDH à Nador.