La mission impossible de Ramaphosa : bannir l’alcool en Afrique du Sud

le président Cyril Ramaphosa, ici avec une bouteille de champagne

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa vient d’annoncer qu’il maintient l’interdiction de la vente d’alcool qui accompagne le confinement total du pays pour cause de pandémie de coronavirus. Ramaphosa, également président de l’Union africaine, se prend-il désormais pour un pharaon tout-puissant de l’Egypte antique ?  En plus d’avoir demandé depuis fin mars aux 57 millions de Sud-Africains de rester confinés chez eux, le successeur de Jacob Zuma a banni jusqu’au 30 avril, a vente de boissons alcoolisées et de… cigarettes ! Son ministre de la Police, Bheki Cele, s’escrime à faire appliquer la mesure : ses agents traquent les contrevenants.

Le ministre Cele soutient que la criminalité a baissé en Afrique du Sud depuis le début du confinement. Il a même publiquement envisagé de la maintenir à l’avenir (sic). Les consommateurs et les entreprises de boissons alcoolisées rouspètent, naturellement. La présidence sud-africaine leur a répondu dans un communiqué, vendredi 17 avril : En tant que tel, l’alcool ne peut être considéré comme un bien essentiel. C’est même un obstacle à la lutte contre le coronavirus. ». Toutefois, a rappelé le communiqué, la filière bénéficie, comme d’autres secteurs de l’économie, du plan de soutien financier du gouvernement.

Cette prohibition d’un autre âge dans un pays où les boissons alcoolisées ne sont bannies par aucun tabou religieux ou culturel, est une tâche impossible : des boutiques de ventes d’alcool fermées ont été braquées et dévalisées dans les townships. Par ailleurs, les gens se sont mis à fabriquer artisanalement leurs propres boissons alcoolisées, chez eux : les recherches Internet dans le pays pour ce qui est des techniques de distillation d’alcool, ont bondi de 500% ces dernières semaines. Les Sud-Africains n’ont nullement l’intention de rester sobres jusqu’au 30 avril ! Au total, cette mesure d’interdiction (pourquoi d’ailleurs, celle de la cigarette aussi, en plus de l’alcool ? ), laisse à voir que certains dirigeants africains profitent de la « Coronacrise » actuelle, pour se laisser aller à des penchants de dictateurs, à la tête de pays en guerre. C’est ainsi que plus près de nous, en Afrique de l’Ouest, précisément en Guinée-Conakry, à partir de ce lundi 20 avril, le défaut de port de masque sera puni par une amende ! La mesure du président Ramaphosa est du même acabit. L’ivresse du pouvoir est plus dangereuse que l’enivrement à l’alcool.

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