[REPORTAGE ‘TRACT’] IMPACT DES RÉSEAUX SOCIAUX SUR LA VIE DE FAMILLE : Des Sénégalais, accros comme victimes, témoignent et font leur mea culpa 

TRACT – Le 21e siècle se vit avec plus de facilité grâce à la technologie et ses nouvelles créations qui ont fait du monde un village planétaire.

 

Parmi les créations de la technologie, le téléphone portable reste sans aucun doute le moyen le plus utilisé. Il facilite la communication avec l’extérieur, surtout grâce aux réseaux sociaux qui sont utilisés par tous.

Mais, malgré cette utilité que le téléphone a, il y a également un aspect négatif sur la façon de l’utiliser. Si d’aucuns, à travers le téléphone, utilisent les réseaux sociaux de temps à autres, d’autres, par contre, sont devenus accros et ne peuvent rester plusieurs heures sans utiliser les réseaux pour diverses raisons.

Constatant cela, nous avons investi le terrain pour chercher des témoins touchés par cette situation, dans le but de recueillir leur expérience.

Parmi eux, Alassane SY, agent dans une société privée, s’exprime en ces termes :

“Les réseaux sociaux, bien qu’ils sont utiles, déchirent le tissu social qui solidifie le vivre ensemble”

« Voilà un sujet très sensible qui nous touche tous. Le téléphone portable, avec toutes les possibilités qu’il nous offre aujourd’hui, favorise de moins en moins les relations humaines. Les réseaux sociaux, bien qu’ils sont utiles, déchirent le tissu social qui solidifie le vivre ensemble. J’ai fait le constat dans ma propre famille. Quand elle se réunit au salon, au lieu qu’on en profite pour discuter, chacun se scotche devant son téléphone, en train de discuter avec des personnes se trouvant à des kilomètres. Les réseaux sociaux nous ont transformés et nous rendent de moins en moins sociables », a jugé M. Sy.

Comme pour lui emboîter le pas, Coumba Gueye, mariée et mère de deux enfants, étale :

“Les réseaux sociaux m’ont privé de la vie de famille que j’aimerai avoir”

« Ce sujet m’interpelle directement parce que les réseaux sociaux m’ont privé de la vie de famille que j’aimerai avoir. J’ai un mari commerçant qui fait également dans les boutiques en ligne. Mais à cause de son travail, il est tout le temps devant son téléphone. Si ce n’est pas des appels, c’est des messages qu’ils répondent sur ses différents comptes, Facebook, Instagram, TikTok et autres. Ce n’est pas par jalousie que je parle, j’ai confiance en lui et je sais qu’il n’a pas le temps de faire autre chose. Mais ce dont je me plains, c’est ce manque d’attention. Il est très rare qu’on discute ensemble pendant plusieurs minutes sans qu’il ne se retourne vers son téléphone. Sous un ton taquin, il m’a une fois dit que son téléphone est ma coépouse et qu’il fallait que je l’accepte. Si les autorités pouvaient restreindre ou rendre impossible l’accès aux réseaux sociaux à une certaine heure, beaucoup de femmes seraient contentes, particulièrement moi », nous a-t-elle confié, paressant soulagée.

Contrairement à la dame Gueye, Matar Thiam lui, célibataire et businessman, reconnait :

“Si j’étais marié, je sais que j’allais avoir des problèmes avec ma femme parce que les réseaux sociaux font partie de ma vie maintenant”

« Si c’est pour dire vrai, je suis du lot de ceux que le téléphone prend beaucoup de temps. Heureusement que je suis célibataire, si j’étais marié, je sais que j’allais avoir des problèmes avec ma femme parce que les réseaux sociaux font partie de ma vie maintenant. J’ai deux téléphones, l’un est pour mon travail et le second est uniquement pour les comptes de réseaux sociaux. Je peux vous dire que la majorité des personnes avec qui je parle quotidiennement sont dans les réseaux sociaux. Il m’est impossible de rester sans avoir de connexion. Après le travail, dans mes heures libres, je suis toujours connecté en train de regarder des vidéos ou discuter avec des amis. Mais vous pouvez comprendre cela je pense, le monde est aujourd’hui devenu petit, ceux qui sont loin sont devenus proches grâce aux téléphones et ses avantages », a argumenté le jeune âgé de 28 ans, sourire aux lèvres.

Hadj Ludovic