[Tribune] A propos d’Ousmane SONKO (par Momar-Sokhna DIOP)

Ousmane Sonko, leader du Pastef.

SENtract – En Afrique précoloniale, c’était le « Griot-Savant » qui avait la charge de faire l’éloge et la promotion des personnalités. Il en avait les prérogatives en raison de ses compétences avérées  et de la pédagogie dont il avait le secret.

 

Je ne suis ni Griot ni Savant mais un simple citoyen chercheur-écrivain, attentif aux évènements, et qui essaye de les analyser, de les partager avec ses compatriotes afin de trouver, ensemble, des solutions efficaces.

Parler d’Ousmane Sonko relève de la gageure tant le personnage est complexe. Toutefois, au moment où le Sénégal traverse des périodes de profondes mutations,

tant politiques qu’économiques, tout observateur soucieux des affaires de la cité ne peut faire l’économie sur la trajectoire fulgurante de cet « autodidacte politique » qui s’est hissé, en un temps record, au premier rang de l’échiquier politique sénégalais.

En effet, il faut reconnaître, quand même, qu’Ousmane Sonko a du talent, beaucoup de talents et de qualités qui font l’unanimité. Son investissement dans la maitrise des dossiers publics a incontestablement élevé le niveau des débats au sein de l’Assemblée nationale.

Son engagement idéologique, en totale rupture avec les idéologies dominantes a suscité auprès de la jeunesse un regain d’intérêt pour la politique. La conscientisation des populations s’est beaucoup renforcée depuis son irruption dans le champ politique.

Les Sénégalais cherchent désormais à mieux comprendre le fonctionnement des institutions. Ils semblent trouver dans le discours de Sonko des explications cohérentes et convaincantes sur les causes persistantes de leur précarité, dont les prémices remontent aux années 60. Sa prééminence politique s’est constamment renforcée, comme le montrent ses scores aux trois dernières élections présidentielles, municipales et législatives.

Ousmane Sonko est « la révélation politique de cette décennie postcoloniale ». Il a révolutionné la manière de faire de la politique au Sénégal voire en Afrique. Il s’est imposé à l’opinion publique et internationale non pas par l’achat des consciences, mais par la profondeur de son offre politique et le leadership dont il est porteur.

En effet, il s’approprie et incarne cette vision endogène du développement, dans le prolongement des idées pionnières des infatigables militants panafricains comme  Mamadou Dia, Cheikh-Anta Diop, Thomas Sankara, etc.

Les Sénégalais sont aujourd’hui conscients des richesses gigantesques de leurs pays et refusent la fatalité de la régression dans laquelle ils se trouvent.

Les Sénégalais veulent un Sénégal nouveau capable d’identifier ses ressources, de les mobiliser et de les exploiter pour tout simplement mieux vivre. Il s’agit de pouvoir accéder à une nourriture décente produite localement, d’accéder à des soins de santé de qualité, à une éducation pour le développement et non à une éducation aliénante comme c’est actuellement le cas. Il s’agit d’instaurer un projet de rupture, enraciné dans les valeurs sociales et culturelles du Sénégal, pour reprendre les propos de Mamadou DIA.

En vérité, les Sénégalais ont le choix entre deux visions : d’une part, celle du statu quo, c’est-à-dire de la continuité incarnée par les régimes qui se sont succédés depuis 1960, date des indépendances truquées octroyées aux pays africains ; et d’autre part, la vision de rupture qui ouvrent de nouveaux paradigmes économiques, politiques, diplomatiques, etc.

Il ne faut pas se tromper d’adversaire. L’adversaire du Sénégal est ce manque de courage politique et de patriotisme qui installe le pays dans la fatalité qui veut nous faire croire que tout est écrit d’avance et qui fait qu’aucun espoir de changement ne semble possible.

Le Sénégal, répétons-le, est un pays qui regorge d’importantes ressources dont l’exploitation ne saurait être déléguée. L’émergence ne se délègue pas. Elle se construit grâce à une mobilisation endogène de tous. Il faut s’y atteler ici et maintenant. Oui, le changement ne peut plus attendre, car la précarité a atteint des niveaux jamais égalés.  Ce sont des recommandations allant dans ce sens que j’ai formulées dans mon ouvrage intitulé « Sénégal diagnostic d’un pays candidat à l’émergence » ouvrage qui s’appuie, en partie, sur le diagnostic des Assises nationales et qui démontre que l’émergence n’est ni un slogan ni un jeu. L’émergence est un enjeu.

 

Sources : L’Afrique noire précoloniale, Cheikh-Anta Diop, Editions Présence Africaine

Afrique le prix de la liberté, Mamadou DIA  Edition l’Harmattan

Thomas Sankara parle, la révolution au Burkina Faso, Edition Pathfinder

Solutions, pour un Sénégal nouveau, Ousmane Sonko

Les Assises nationales du Sénégal, Editions l’Harmatan

Momar-Sokhna Diop, Sénégal diagnostic d’un pays candidat à l’émergence, Editions l’Harmattan

 

Momar-Sokhna DIOP : professeur d’économie-gestion Ecrivain à Paris

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