Ismaïla Madior Fall, démission ! : le secret du vote, supprimé par les parrainages

POLITIQUES – Avec le projet de loi sur les parrainages, le secret du vote des électeurs est foulé au pied par le  ministre de la Justice Ismaila Madior Fall, concepteur de cette loi. La Constitution sénégalaise dispose que le suffrage est universel, égal et secret. Avec la loi sur les parrainages, qu’il a concocté pour le régime Sall, l’idéologue en poste à la Justice Ismaila Madior Fall jette aux orties le principe constitutionnel du secret du vote. En effet, dans le projet de loi qui a été publié,  il est stipulé que chaque citoyen électeur ne peut parrainer qu’un seul candidat. Ce qui revient à faire voter les citoyens qui parrainent les candidats à la présidentielle, avant même le jour du vote. Si l’on ne peut parrainer qu’un seul candidat, qui parrainera un autre candidat que celui pour lequel il entend voter ? C’est donc un premier tour sous forme de sondage obligatoire grandeur nature que le régime de Macky Sall entend mettre en place par la force d’une loi d’évidence anticonstitutionnelle.

Dans les pays où on exige le parrainage des candidats à la présidentielle par des élus (élus qui sont des députés, sénateurs, conseillers régionaux, maires, etc), ces parrains ne peuvent parrainer qu’un seul candidat. C’est normal puisque ces élus qui parrainent un candidat à la présidentielle représentent eux même des électeurs de tout bord, ceux qui les ont élus comme ceux qui n’ont pas voté pour eux, qui deviennent leur administrés ou leurs mandants une fois l’élection passée. C’est ainsi d’ailleurs que les élus qui parrainent les candidats à la présidentielle peuvent accorder leur parrainage à un candidat qui n’est pas de leur camp, au nom de la démocratie et parce qu’il juge qu’il est important pour la démocratie et la représentation de toutes les sensibilités politiques que ce candidat soit présent à l’élection présidentielle.

 Ici au Sénégal, la situation que l’on nous prépare est bien différente. L’électeur qui parrainera ne représente que lui-même et le secret de sa conscience : celui de son futur vote. Ceux qui sollicitent un parrainage de la part d’un électeur demanderont à celui s’il s’ils parrainent déjà un candidat ? C’est une violation fragrante de son droit au secret de son vote. Savoir qu’il a parrainé quelqu’un d’autre, c’est savoir qu’il ne vote pas pour vous. A-t-on également pensé à la pagaille généralisée que cela va demander, de vérifier, par chaque équipe ou mandataire de candidat à la présidentielle, si chacun des 65 000 parrains citoyens dont ils veulent solliciter la signature est « libre » ou pas ?

Va-t-on aller vers un parrainage numérique, comme préconisé par l’un de mes interlocuteurs, puisque tous les numéros de téléphone portable sont enregistrés avec l’identité et la pièce d’identification de leur propriétaire ? Non, ce serait trop demander à un pouvoir dont l’objectif est d’empêcher la mltiplication des candidatures qui pourraient effriter le Saint-Graal des 50% plus 1 voix du Président sortant au premier tour.

Ismaila Madior Fall, tailleur constitutionnel adepte de la déconsolidation, qui nous a déjà fourgué la non-rétroactivité de la diminution du mandat présidentiel à 5 ans pour Macky sall, revient avec ce projet de  loi des parrainages qui viole le secret des consciences et annonce déjà une pagaille monstre. Il nous faut rappeler à ce régime Sall les mots impérissables du Président du Conseil français Pierre Mendés-France : « La démocratie, c’est beaucoup plus que la pratique des élections et le gouvernement de la majorité : c’est un type de mœurs, de vertu, de scrupule, de sens civique, de respect de l’adversaire ; c’est un code moral ».

Ce n’est pas la démission du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye qu’l faut exiger, mais bien celle d’Ismaila Madior Fall .

Damel Mor Macoumba Seck

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