[REPORTAGE ‘TRACT’] PROLIFÉRATION DES CAS D’AGRESSION : Dakar indexe les conducteurs de moto, ces derniers plaident innocents

TRACT – La prolifération des cas d’agression dans la ville de Dakar, notamment dans sa banlieue, est au centre des discussions des citadins ces jours-ci.

 

Moins fréquentes ces derniers temps, les agressions sont reprises d’une certaine façon qui permet aux malfrats de pouvoir s’échapper rapidement avant toute intervention.

Si les auteurs de ces agressions ne sont pas connus, une chose est sure, les conducteurs de moto sont pointés du doigt.

Ainsi, dans le but de faire lumière sur ces accusations, nous avons interpellé des personnes, victimes ou témoins d’agression, ainsi que des conducteurs de motos pour mieux élucider la question.

À ce sujet, Assane Sarr, trouvé à l’arrêt bus de Thiaroye, situé à côté de La Poste où il attendait la Ligne Tata 57, nous raconte cette histoire :

« Je n’ai jamais été victime d’agression mais un de mes voisins, ami avec mon petit frère l’a été. Et justement, il a été agressé par deux individus à bord d’une moto T-Max selon lui. Il avait quitté son travail vers 21h pour aller sur la route et prendre un taxi, c’est en cours de route qu’ils l’ont intercepté et ont essayé de lui prendre son sac à dos. Il résistait et ils l’ont poignardé 3 fois sur le bras et la main avant de lui prendre son sac qui contenait son ordinateur et quelques affaires personnelles avant de prendre la fuite. Heureusement que le couteau n’avait pas touché une partie vitale de son corps, sinon ça allait être la mort pour lui. Maintenant à cause de cette histoire, je suis devenu très méfiant. A chaque fois que je vois un 2 roues derrière moi, je me mets sur mes gardes, prêt à résister », nous a raconté M. Sarr avec beaucoup de fermeté.

Abdou Aziz Fall, vendeur de pièces détachées à quelques mètres de l’arrêt bus, s’exprime sur le sujet :

« Ce qui est sûr est que les cas d’agression sont devenus de plus en plus nombreux lorsqu’on a commencé à noter une prolifération de motos Jakarta dans la ville. Dernièrement, toutes les agressions que j’ai entendues ont été commises par des individus à bord de moto. Certains disent que ce sont les conducteurs de Taxi-Jakarta qui se cachent derrière ce travail pour pouvoir commettre ces actes odieux sans être suspectés. Vrai ou faux, je ne sais pas. Mais ce qui est sûr, c’est que la majeure partie des gens se méfient d’eux. Je ne sais pas si c’est le cas ou pas mais on devrait réglementer la circulation des motos Jakarta en les fixant une heure limite de circulation ou peut-être les interdire de supporter quelqu’un à partir d’une certaine heure parce qu’apparemment les agressions dont on les accuse sont toujours commises par deux personnes. Je ne suis pas bien placé pour faire des propositions de solutions mais les autorités compétentes devraient se pencher sur la question », a-t-il suggéré.

Latyr Bèye, un conducteur de moto trouvé dans un garage de mécanicien sur la route de Thiaroye, allant vers l’autoroute à péage, prend la défense des siens :

« Ce n’est pas la première fois que j’entends de telles accusations sur nous les conducteurs de moto et c’est vrai que ça ne me fait pas plaisir. Mais il faut savoir que les gens qui commettent des agressions à bord d’une moto ne conduisent que la nuit alors que nous, c’est matin et soir. Nous conduisons nos motos pour aller travailler de la même façon que les autres conduisent leur voiture pour aller travailler. Et une chose est sure, les motos que conduisent la plupart des agresseurs ne leur appartiennent pas. Ils empruntent une moto d’un de leurs amis ou voisin pour commettre ce genre d’acte. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles je ne prête jamais à quelqu’un ma moto au-delà de 21 heures », a-t-il éclairci.

Moussa Faye lui, conduit un taxi-moto qui lui permet de gagner sa vie dignement. Selon lui, des agresseurs ont infiltré leur milieu et se font passer pour des ‘tiak tiak’ :

« Si aujourd’hui on est pointé du doigt dans les cas d’agressions, c’est parce qu’il y a des intrus dans notre métier. Mais nous qui faisons ce métier, nous nous considérons comme des agents de transport, au même titre que les ‘taximen’ et les conducteurs de bus. Nous faisons notre travail avec responsabilité et nous nous comportons correctement. Nous savons maintenant que les clients, surtout les femmes, ne nous font plus confiance. Dès que nous nous approchons d’eux pour leur demander s’ils veulent faire une course, nous voyons automatiquement une certaine méfiance et parfois même ils nous répondent d’une façon déplaisante. Comme solution à ça, j’ai confectionné un badge avec ma photo et mes coordonnées que je présente à un client quand je m’approche de lui. Et ça marche bien, ils trouvent ça très professionnel et ça me permet de gagner leur confiance », nous a confié notre interlocuteur.

Hadj Ludovic